L'AS Rome n'avait qu'un mot à la bouche, depuis une semaine : "rimonta". Défaits 5-2 en demi-finale aller, les Gialorossi ont frôlé l'exploit, mercredi soir face à Liverpool (4-2). Mais paradoxalement, les Reds n'ont pas vraiment eu le temps d'avoir peur. Le 26 mai, à Kiev, ils joueront leur huitième finale de Ligue des champions, la première depuis 2007. Et tenteront de réussir ce qu'ont échoué à faire l'Atlético de Madrid et la Juventus Turin ces deux dernières années : renverser l'insubmersible Real de Zinédine Zidane et Cristiano Ronaldo.
Douche froide, acte I. Au coup d'envoi, la tâche des Romains s'annonçait immense. Ils ne s'en cachaient pas. Oui, ils avaient déjà rendu possible l'impossible en revenant du diable vauvert face au Barça, au tour précédent (1-4, 3-0). Mais les Reds, emmenés par Mohamed Salah, semblaient bien mieux armés pour se défendre. Et surtout pour attaquer. Pris en grippe par ses anciens tifosi, l'Égyptien a certes fait l'objet d'un traitement de faveur de la part des Italiens, qui ont attaqué la rencontre pied au plancher, mais à Liverpool, le danger peut venir de partout. Radja Nainggolan l'apprenait à ses dépens, en perdant le ballon dans l'axe. Roberto Firmino servait ensuite Sadio Mané pour le 1-0 (9e). Douche froide dans les travées du stadio Olimpico, pourtant bien chaud jusque-là.
Douche froide, acte II. Malheureux, les Romains retrouvaient rapidement le sourire grâce à un but gag de Milner contre son camp, après un dégagement de Lovren les yeux fermés (1-1, 15e). De quoi réchauffer à nouveau l'atmosphère. Pour un instant seulement. Car Wijnaldum, involontairement servi par Dzeko, assénait de la tête un nouveau coup sur celle de la Louve (1-2, 26e). Que la "rimonta" semblait loin, à ce moment-là. D'autant qu'El Shaarawy voyait sa frappe enroulée repoussée par le poteau, quelques minutes plus tard (35e).
Les Romains combatifs mais résignés. Les Romains, en bons légionnaires, ont montré un visage plus conquérant après la pause. Une première frappe cadrée un peu molle (48e), avant qu'Edin Dzeko ne profite d'un mauvais renvoi du gardien de Liverpool, après une frappe d'El Shaarawy (2-2, 52e). Trois buts séparaient alors la Roma du paradis. Ni le Bosnien (66e, 79e, 82e), ni Ünder (60e), ni Schick (78e) ne réussissaient cependant à tromper la vigilance de l'arrière-garde des Reds. El Shaarawy, lui, voyait sa frappe de près repoussée par une main d'Alexander-Arnold, sur la ligne (60e). De quoi relancer le débat sur la VAR en Ligue des champions...
Une fin de match un peu folle. Il a finalement fallu attendre la toute fin du match pour que les 62.000 spectateurs se remettent à y croire vraiment. D'une splendide frappe rasante depuis les vingt mètres, Nainggolan remettait les siens devant (3-2, 86ème). Mais son visage disait tout de sa résignation. C'est pourtant lui qui prenait le ballon pour inscrire un doublé sur penalty, au bout du temps additionnel (4-2, 90e+3). Un but aurait alors suffi à disputer des prolongations. Sur le renvoi, l'arbitre en a décidé autrement, en portant le sifflet à la bouche.
Liverpool s'en contentera. La fin d'un rêve pour les Romains mais le début de celui de Liverpool. "Nous n'avons pas choisi la facilité malheureusement. Nous aurions pu mieux jouer ce match, mais nous nous sommes qualifiés pour la finale", relativisait ainsi le capitaine des Reds, Jordan Henderson, au micro de BT Sport. Le 26 mai, à Kiev, nul doute que cette drôle de soirée sera déjà oubliée. Pour les Anglais, du moins.