Un habitué contre un revenant : la finale de la Ligue des champions entre le Real Madrid et Liverpool, samedi soir à Kiev, met aux prises deux clubs de légende aux destins opposés ces dernières années. Alors que les Madrilènes, doubles tenants du titre, règnent sur l’Europe, les Reds retrouvent les sommets pour la première fois depuis 2007 (défaite 2-1 contre l’AC Milan).
Cette finale, sur laquelle peu de monde aurait parié au début de la compétition, sera également une vraie opposition de style. Entre le pragmatisme du Real, capable de s’adapter à toutes les situations, et le jeu ultra-offensif et rapide de Liverpool, ou encore l’expérience de l’effectif madrilène face à la fraîcheur des Reds, les duels ne manqueront pas.
- Les stars : la machine à marquer Ronaldo contre le virevoltant Salah
Sans vouloir faire injure à Lionel Messi, les deux meilleurs joueurs du monde à l’heure actuelle jouent au Real Madrid et à Liverpool. D’un côté, Cristiano Ronaldo sera évidemment le fer de lance de l’attaque madrilène. Le Ballon d’Or est en feu depuis janvier, avec 28 buts inscrits (sur les 41 de la saison) toutes compétitions confondues. Surtout, le Portugais se transforme en une machine de guerre implacable en Ligue des champions : c’est simple, il a marqué à tous les matches de C1, sauf lors de la demi-finale retour contre le Bayern Munich (15 buts au total, meilleur buteur de la compétition). CR7 est aussi capable de geste de génie, comme son retourné acrobatique d’extra-terrestre contre la Juventus (lors du quart aller gagné 3-0).
Les Reds ne possèdent pas Cristiano Ronaldo, mais avec ils ne sont pas à plaindre avec Mohamed Salah. L’Égyptien à la vitesse supersonique et à la technique soyeuse réalise une saison ahurissante, avec 44 buts toutes compétitions confondues cette saison. L’attaquant aux cheveux bouclés a même été élu meilleur joueur de Premier League et a battu le record de buts sur une saison en Angleterre (32). En Ligue des champions, son pouvoir d’accélération et son sens du dribble ont été tout aussi précieux (10 buts), notamment en demi-finales contre l’AS Roma, son ancien club. Le Real est prévenu.
- Les coaches : le calme de Zidane contre la fougue de Klopp
Sur leur banc, leur style tranche singulièrement. D’un côté, Zinédine Zidane, costume impeccable, commande avec assurance et calme ses "Galactiques". Certes, Zizou est capable de pousser des coups de gueule, mais rarement en public ou devant les médias, avec qui sa communication est méthodiquement cadenassée. Le coach français préfère, ainsi, garder ses émotions pour le vestiaire.
A l’inverse, Jürgen Klopp a un côté sacrément "rock’n’roll". L’Allemand, avec ses lunettes et ses joggings, s’égosille et court souvent dans tous les sens dans sa zone technique. Devant les micros, il aime également faire le show et n’hésite pas à réclamer le soutien de ses supporters, tout en leur tressant régulièrement des louanges.
- Le style de jeu : le pragmatisme madrilène contre la folie de Liverpool
Les personnalités des deux entraîneurs se retrouvent dans leurs équipes. Le Real est un effectif constellé de stars à tous les postes, dotés d’une expérience incomparable. Si les Madrilènes sont imbattables en Europe, ils ne le doivent pas à une philosophie de jeu arrêté, mais à un pragmatisme à toute épreuve. Le Real est capable d’être dominé tout un match, et de piquer son adversaire en contre, comme contre le PSG en huitièmes aller ou la Juve en quarts aller. Il peut aussi maîtriser son adversaire grâce à son milieu de terrain ultra technique, comme contre le PSG en huitièmes retour. Enfin, le Real a également, parfois, la chance (des champions) de son côté, comme contre la Juve en quarts retour et contre le Bayern en demies retour.
A l’inverse, Liverpool possède une identité de jeu non pas unique, mais bien identifiable. A chaque match de Ligue des champions, les Reds ont mis une énorme intensité et une pression d’enfer sur leurs adversaires, grâce à une organisation tactique impeccable et une condition physique impressionnante. En attaque, la vitesse, les dribbles et le sens du but du trio Salah-Firmino-Mané a créé des différences énormes. Samedi soir, le danger viendra de partout chez les Reds.
- Le mental : la culture de la gagne du Real contre l’excitation des Reds
Le Real, trois fois vainqueur de la C1 ces quatre dernières années, n’est pas rassasié pour autant. "Personne ne peut nous dire qu’on a moins faim", a assuré Zidane lors d’une conférence de presse à Madrid. "Nous sommes Madrid et malgré ce qu’on a déjà gagné, on en veut toujours plus et on donnera tout pour être les meilleurs", a poursuivi Zizou, mettant en avant la culture de la victoire du club merengue.
A Liverpool, cette finale de Ligue des champions est une première pour la plus grande partie de l’effectif. Forcément, l’excitation est à son comble. "Jusqu’à présent, ce fut un voyage très excitant. Nous voulons la meilleure fin possible" a espéré Jürgen Klopp. "C’est un avantage d’être plus expérimenté, mais on peut rivaliser avec le désir, la disponibilité, l’attitude, le travail. C’est ce que j’aime dans le football", a assuré le coach allemand. Réalisme contre romantisme : oui, ce Real-Liverpool est bien une opposition de style.