Du haut de ses 20 ans, Lucas Hernandez ne s'en laisse pas compter. Pas même sur la plus grande des scènes du football européen, pas même face aux plus grandes stars. La semaine dernière, en quarts de finale aller de Ligue des champions, le tout jeune défenseur central de l'Atlético de Madrid a largement tenu son rang au moment de contenir la force de frappe offensive du Barça (défaite 2-1). Et lorsque Neymar a voulu hausser le ton, Hernandez n'a pas baissé le regard, aussi à l'aise dans l'intox que dans le jeu.
Pour son baptême du feu à ce niveau de la compétition, Lucas Hernandez a affiché devant l'Europe entière les qualités qui ont poussé Diego Simeone à le faire monter en grade : beaucoup de maturité, une bonne pointe de vitesse et une vraie intelligence de jeu pour contenir les offensives de la meilleure attaque du monde aux côtés de l'expérimenté Diego Godin. "C'est une vraie bonne surprise", salue Adrian Garcia, journaliste pour Eurosport à Madrid. "Les équipes de jeunes de l'Atlético manquent de talent, elles sont en crise. Lucas s'est imposé comme l'exception."
Une ascension fulgurante. Sur la pelouse du Camp Nou, Lucas Hernandez s'est imposé tout court. L'UEFA l'a d'ailleurs distingué dans l'équipe-type des quarts de finale aller. Sa performance pourrait lui valoir une deuxième titularisation en Ligue des champions, mercredi, pour un match retour bouillant dans l'enceinte de Vicente-Calderon. Ce serait sa sixième apparition de la saison devant le public madrilène, qui apprend encore à découvrir celui que tout le monde appelle "Lucas". En début d'année, pendant que les grands "Colchoneros" disputaient la Ligue des champions, lui participait à la Youth League, compétition équivalente mais pour les jeunes pousses des grands clubs européens.
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— Lucas Hernández (@lucas5hernandez) 11 avril 2016
Les suiveurs de l'Atlético connaissent également son père, Jean-François, lui aussi défenseur central dans les rangs "colchoneros" au tournant des années 2000. Et ils découvriront bientôt Theo, le petit frère de 18 ans, décrit comme un leader parmi les équipes de jeunes madrilènes et appelé à rejoindre Lucas en équipe première. La belle histoire familiale aurait pu s'écrire à Marseille, où les deux frères sont nés, mais c'est bien en Espagne que Lucas Hernandez a été formé, en rejoignant l'Atlético à 12 ans.
"Normalement, il joue en réserve". S'il a su séduire Diego Simeone, le jeune gaucher profite aussi des circonstances pour se faire une place au sein de l'une des meilleures défenses du monde. "Normalement, il joue en réserve avec son frère", rappelle Adrian Garcia. "Sans les blessures de Gimenez et Savic, il n'aurait pas eu cette opportunité." Quelques semaines plus tôt, au cœur de l'hiver, l'AS Saint-Étienne avait tenté d'obtenir son prêt, sans succès.
Sollicité par le staff technique des Verts, Lucas Hernandez connaît un tout autre succès en France depuis sa prestation réussie contre le Barça. Sur les réseaux sociaux, certains veulent déjà le voir à l'Euro 2016. "Il a réussi son match contre le Barça, tant mieux, mais pour l'instant on ne peut pas aller plus loin", tempère le technicien Raynald Denoueix, qui a affûté son regard sur les jeunes talents au FC Nantes. "Trop souvent, on s'emballe après un match. C'est toujours hypothétique de se projeter." Mais Lucas Hernandez a l'avenir devant lui pour confirmer ses belles dispositions.