L'une a gagné le premier marathon de sa carrière, le second a signé le deuxième chrono de l'histoire, les deux ont marqué les esprits : la Néerlandaise Sifan Hassan et le Kényan Kelvin Kiptum ont remporté dimanche un marathon de Londres de très haute facture. Avant Londres, Hassan, championne olympique du 5000 m et du 10.000 m à Tokyo en 2021 (un butin historique agrémenté d'une médaille de bronze sur 1500 m), n'avait jamais couru sur la distance et, avant d'entamer la saison d'athlétisme sur piste, en plein air, venait se tester dans l'optique des Jeux de Paris, l'an prochain.
Kiptum avait, lui, déjà impressionné en devenant le troisième meilleur performeur de l'histoire (2:01.53) dès son premier marathon, à Valence en décembre. Seuls les légendaires Eliud Kipchoge et Kenenisa Bekele avaient de meilleurs chronos. Cette fois, sous la bruine et dans la grisaille, il a été encore plus rapide qu'à Valence (2h01:25), échouant à 16 secondes seulement du record du monde de celui qui est considéré comme le meilleur marathonien de l'histoire, son compatriote Eliud Kipchoge (2h01:09), établi en septembre 2022 à Berlin.
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Record menacé
Mais cette marque paraît désormais très menacée par ce nouveau phénomène kenyan, âgé de seulement 23 ans, qui semble décidé à ne rien s'interdire. Pas même la mythique barre des deux heures : Kiptum a signé une deuxième moitié de course en coup de canon (59:47).
Très à l'aise en début de course, il a placé une accélération violente après 1h30 de course. Elle lui a immédiatement donné plusieurs longueurs d'avance sur le reste du groupe de tête qui s'est étiolé et d'où Bekele avait été vite éjecté. Le Kenyan a fini loin devant son compatriote Geoffrey Kamworor et l'Éthiopien Tamirat Tola, champion du monde de la discipline.
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Un premier chef d'œuvre
Ce coup d'éclat est venu après un premier chef d'oeuvre, celui signé par Hassan. À 30 ans, la Néerlandaise est déjà une légende de l'athlétisme, sur la piste. Mais elle faisait ses débuts sur marathon et personne ne savait trop ce qu'elle avait à y offrir. Chez les femmes, après l'abandon dès les premières minutes de la vainqueur en 2019 et 2020 et détentrice du record du monde, la Kényane Brigid Kosgei, la course semblait ouverte. Mais en début de course, Hassan avait l'air d'une curiosité plus qu'une vraie favorite face à des coureuses bien plus chevronnées, comme la championne olympique kényane Peres Jepchirchir.
Après une heure de course, elle a même semblé caler, contrainte à ralentir pour s'étirer au niveau de la hanche gauche, prenant un peu de retard sur le groupe de tête. Mais elle s'est accrochée et sans forcer, elle a progressivement fait son retard pour reprendre les quatre femmes de tête, profitant d'un fléchissement du tempo devant. À 500 mètres de la ligne, elle était à la lutte avec l'Éthiopienne Alemu Megertu (2e) et Jepchirchir (3e), mais la vitesse de pointe supérieure de cette spécialiste de la piste en faisait la candidate la plus évidente pour la victoire au sprint. Sa dernière accélération n'a de fait laissé aucune chance à Megertu et Jepchirchir, pour lui permettre de finir la ligne dans un temps respectable (2h18:33).
"Je ne pensais jamais le finir et j'ai non seulement fini mais je l'ai remporté", a expliqué Hassan au micro de la BBC quelques minutes après son arrivée. "C'est juste incroyable, je n'oublierai jamais cela de ma vie. J'ai pris tellement de plaisir. Tout le monde me disait que le marathon faisait mal, mais je me sentais vraiment bien, même après 5km ou 15 km. Quand j'ai vu la ligne d'arrivée, je me suis dit 'c'est déjà là ?'", a-t-elle encore raconté.