L'ancien président de l'UEFA Michel Platini a été placé en garde à vue mardi dans le cadre de l'enquête pour corruption sur l'attribution de la Coupe du monde 2022 au Qatar, a appris Europe 1, confirmant les informations de Mediapart. L'ancien ministre de l'Intérieur et secrétaire général de l'Elysée Claude Guéant a lui été entendu en audition libre.
L'ex-numéro 10 de l'équipe de France était entendu comme témoin à Nanterre, dans les locaux de l'Office anticorruption de la police judiciaire (OCLCIFF). En 2016, le Parquet national financier avait ouvert une enquête pour "corruption privée", "association de malfaiteurs", et "trafic d'influence", après l'attribution au Qatar de l'organisation de la compétition. Michel Platini avait déjà été auditionné en décembre 2017 comme témoin, ayant reconnu avoir donné sa voix à l'émirat lors du vote d'attribution de décembre 2010.
Une réunion secrète avant la désignation du Qatar
La justice française s'intéresse en particulier à "une réunion secrète", au Palais de l'Elysée le 23 novembre 2010, à laquelle participaient Nicolas Sarkozy, le prince du Qatar, Tamim bin Hamad al-Thani, et Michel Platini alors président de l'UEFA et vice-président de la Fifa. Ce déjeuner avait été révélée par l'hebdomadaire France Football. La désignation du Qatar, richissime émirat gazier, par les membres du comité exécutif de la Fifa, avait été l'un des déclencheurs de la grave crise qui a secoué la Fifa à partir de 2015.
Que s'est-il dit à l'Elysée ? Depuis bientôt dix ans, rien n'a filtré. Mais quelques mois après s'être vu attribuer la Coupe du monde, le Qatar a racheté le PSG et investit des centaines de millions d'euros dans l'Hexagone, notamment en créant les chaînes Beinsport.
Une suspension pour un versement suspect
En octobre 2015, l'ancien président de la Fifa Sepp Blatter, contraint au départ, avait mis en cause la France. Selon lui, "un arrangement diplomatique" existait pour que les Mondiaux 2018 et 2022 aient lieu en Russie puis aux Etats-Unis, un plan qui aurait échoué à cause de "l'interférence gouvernementale de Monsieur Sarkozy", qui avait réfuté toute intervention. Sepp Blatter avait été entendu comme témoin en Suisse en 2017 à la demande de la justice française. Il a été suspendu six ans par la Fifa "de toute activité liée au football" pour un paiement controversé de deux millions de francs suisses (1,8 million d'euros), à son ex-ami et allié Michel Platini, lui aussi suspendu quatre ans. D'autres enquêtes distinctes ont été ouvertes en Suisse et aux Etats-Unis.
Michel Platini, qui clame son innocence et dénonce un complot visant à l'écarter des instances du football mondial, a déjà déposé quatre plaintes pour que son nom "ne soit plus sali".