Il suffit de demander à la concurrence pour mesurer la méfiance qu'inspire cette équipe de France féminine. "La France peut remporter la Coupe du monde. Elles ont certaines des meilleures joueuses du monde. Maintenant, avec le nouveau coach, les choses vont aller bien pour elles", disait récemment l'Australienne Ellie Carpenter, citée par L'Équipe alors que sa sélection venait justement de battre les Bleues (1-0) pour son ultime match de préparation. Et pourtant, l'armoire à trophée de l'équipe de France féminine continue de sonner creux.
À quelques heures de leur entrée en lice dans cette Coupe du monde 2023 face à la Jamaïque (dimanche à 12h), les joueuses d'Hervé Renard ont encore tout à écrire de leur histoire. Éliminées dès les quarts-de-finale il y a quatre ans lors du Mondial organisé en France (défaite 2-1 face aux USA), elles n'avaient faire guère mieux quatre ans plus tôt au Canada (battues par l'Allemagne aux tirs au but). Un stade de la compétition qu'elles ont également échoué à dépasser lors des JO de Rio en 2016 ou encore lors de l'Euro 2017 aux Pays-Bas. Il a fallu attendre le championnat d'Europe 2022, disputé en Angleterre, pour voir les Bleues se hisser à nouveau dans le dernier carré d'une grande compétition après les Jeux de Londres en 2012.
"Le dernier carré, il n’y a rien d'autre qui soit négociable"
Pour parler d'un Mondial 2023 réussi, il faudra donc faire aussi bien qu'outre-Manche l'été dernier, prévient Hervé Renard. "Le dernier carré, il n’y a rien d'autre qui soit négociable avant. Et si on a la chance d'être dans ce dernier carré, on pourra avoir des objectifs supérieurs", a récemment déclaré le sélectionneur à l'AFP. Et pourquoi pas décrocher enfin ce trophée qui fuit désespérément nos joueuses tricolores ?
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En l'état actuel des choses, difficile de placer les Bleues au même rang que les grandes favorites de ce tournoi. Double tenantes du titre et toujours présentes sur le podium d'une Coupe du monde depuis 1991, les Américaines partent avec une, voire plusieurs longueurs d'avance. Tout comme les Canadiennes, championnes olympiques en titre ou encore les Anglaises, championnes d'Europe l'année dernière devant leur public.
C'est donc bien parmi les outsiders que se classent les joueuses d'Hervé Renard. D'autant que l'effectif se trouve amputé de plusieurs cadres. L'attaquante Marie-Antoinette Katoto, qui n'a plus joué le moindre match depuis un an, lutte toujours contre une persistante blessure au genou. Tout comme la Lyonnaise Delphine Cascarino, elle-aussi touchée au genou. Et alors qu'elle faisait son grand retour dans le groupe France, après avoir été boudée par l'ancienne sélectionneuse Corinne Diacre, l'ex-capitaine Amandine Henry a dû renoncer au début du mois de juin en raison d'un mollet gauche capricieux.
Hervé Renard "a cette capacité de mettre ses équipes en confiance"
Toutefois, cette cascade de blessures ne semble épargner aucune sélection. Team USA se trouve ainsi privée de Catarina Macario et Mallory Swanson tandis que l'attaquante vedette Beth Mead, championne d'Europe avec l'Angleterre voici un an, ne sera pas du voyage en Océanie, à l'instar de la défenseure et capitaine des Lionesses Leah Williamson.
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Et si les Bleues ne pourront bénéficier d'un effectif au complet, elles s'appuieront sur leur nouvel homme fort : Hervé Renard. L'ancien sélectionneur de l'Arabie saoudite est venu insuffler un vent d'apaisement au sein du groupe France après une ère Corinne Diacre marquée, certes, par une demi-finale à l'Euro 2022, mais aussi par de nombreuses défections au sein de l'équipe et des méthodes de management jugées brutales. "Je pense que c'était le meilleur choix pour nous. (...) Il a cette capacité de mettre ses équipes en confiance. On sait qu'il est connu pour ça, pour réussir à pousser son groupe vers le haut. (...) Ce qu'il apporte déjà, c'est une preuve qu'on va dans la bonne direction", déclarait auprès de l'AFP la Parisienne Grace Geyoro.
Celui qui fut double champion d'Afrique avec la Zambie (2012), puis la Côte d'Ivoire (2013), a d'ailleurs insisté sur l'aspect mental de la préparation, principale clé de voûte du succès selon lui. "La première chose, c'est y croire, se mobiliser. Ne pas seulement se le dire, mais le faire. Et avoir un état d'esprit exceptionnel. Je ne connais pas d'autres recettes pour gagner", développait-il à l'AFP en mai dernier. Un habitué du succès qui doit désormais y conduire une équipe de France qui court après depuis trop longtemps.