La dernière marche à gravir est sans doute la plus haute : après un parcours semé d'embûches surmontées avec brio, l'équipe de France de handball fait face, sur sa route vers une septième couronne mondiale, aux Danois doubles tenants du titre, dimanche (21h00) en finale à Stockholm. Six ans d'attente depuis le sacre à Bercy en 2017, "ça gratte un peu" selon le président de la Fédération Philippe Bana, quand bien même les Bleus ont décroché l'or olympique à l'été 2021 à Tokyo.
Face au Danemark, justement (25-23), leur meilleur ennemi au sommet de la planète hand depuis une dizaine d'années. Battus en finale du Mondial-2011 puis de l'Euro-2014, la bande à Mikkel Hansen, l'homme au bandeau, avait repris sa revanche en privant celle de Nikola Karabatic d'un troisième titre olympique de rang, à Rio en 2016.
Avant, donc, de se voir rendre la monnaie de sa pièce au Japon il y a un an et demi. Un nouvel épisode de cette série à suspense sera diffusé dimanche dans la Tele 2 Arena, où les Bleus ont terrassé vendredi l'hôte suédois (31-26), après avoir déjà eu la peau de l'Espagne (en clôture du tour principal) et de l'Allemagne (quarts de finale).
Crescendo
Espagne, Allemagne, Suède et maintenant Danemark: c'est un véritable parcours du combattant qui a été proposé à Guillaume Gille et ses hommes. Ils sont allés crescendo jusqu'à la partition quasi parfaite jouée vendredi dans le vacarme de la Tele 2 Arena (20.000 spectateurs) face aux Suédois, qui leur avait barré la route en demi-finales du Mondial-2021 puis de l'Euro-2022.
"On a eu l'impression de progresser, de jouer de mieux en mieux depuis le début de la compétition" note Vincent Gérard. Et ceci malgré les nombreuses blessures survenues sur le chemin du gardien et de ses équipiers. Confronté à sept forfaits (Pardin, Minne, Villeminot, Kounkoud, Konan, Nguessan, Descat) avant le début de la compétition, Gille n'a ainsi pu compter sur l'ensemble de son effectif depuis qu'elle a commencé, le 11 janvier à Katowice (Pologne).
Elle s'avance en finale avec un poste d'arrière gauche souffreteux, avec comme spécialiste le seul Romain Lagarde, au temps de jeu famélique ces derniers temps en Bleu, à 100% de ses capacités. Thibaud Briet (main droite), Elohim Prandi (poignet droit) et Nikola Karabatic (pied gauche), pour son dixième et dernier Mondial à 38 ans, seront-ils rétablis, au moins en partie ? Gille n'en savait rien samedi et a loué "la forte capacité d'adaptation aux divers événements tombés sur le coin de la figure" de son équipe.
Laquelle a aussi pu puiser dans le profond réservoir du handball français pour empocher huit victoires en autant rencontres. Il en reste une à glaner pour, selon Gille, "concrétiser cette idée fixe, cette ambition" affichée depuis le début.
"Rester au sommet"
Un premier titre de champion du monde depuis 2017 viendrait aussi, d'après Nedim Remili, "concrétiser le fait que ce groupe, au-delà des capacités individuelles démontrées en club, possède de nouveau cette force collective pour aller chercher les sommets et y rester".
Les Danois trônent eux en haut de ce sommet mondial et veulent y rester pour réaliser, après 2019 et 2021, un triplé inédit - la France et la Roumanie à deux reprises chacune et la Suède ont remporté deux titres mondiaux de rang. Ils peuvent toujours compter sur leur gardien Niklas Landin, double meilleur joueur du monde en titre, et sur Hansen, lauréat de cette récompense à trois reprises comme Nikola Karabatic (2011, 2015 et 2018).
A 35 ans, l'ancien joueur du PSG est cependant désormais davantage utilisé comme meneur, entouré sur la base arrière par le gaucher Matias Gidsel, devenu l'un des meilleurs du monde au poste, et le droitier Simon Pytlick, révélation du tournoi du haut de ses 22 ans. Un nouveau défi pour la défense française, impériale vendredi, sur la route d'une septième couronne.