Alexis Pinturault est de retour au plus haut niveau. Le skieur français a d'ores et déjà réussit ses Mondiaux de ski à domicile avec ses deux médailles remportées sur le Super-G et sur le combiné. "C'est formidable. Pouvoir le faire à la maison en plus, je pouvais difficilement rêver mieux", apprécie le skieur en conférence de presse.
Après le titre du combiné mardi, le skieur de Courchevel a décroché, toujours à domicile sur la piste de l'Éclipse, la médaille de bronze du super-G jeudi. De quoi remplir un peu plus son armoire à trophées, désormais garnie de trois médailles olympiques et sept médailles mondiales individuelles.
Avec un tel pedigree et ses 75 podiums en Coupe du monde depuis douze ans, les titres pourraient passer pour des formalités. Mais "Pintu" revient de loin après deux saisons catastrophiques sans aucune victoire depuis son gros globe de cristal en mars 2021. "Pour être franc je ne pensais pas à de tels résultats ici. J'avais ce rêve de briller à la maison, mais il y avait une telle différence entre mon rêve et la réalité, que j'étais très loin de me fixer ces ambitions", déclare le champion, qui aura 32 ans le mois prochain.
"Plus capable de gagner"
Comment le blond au regard bleu acier, qui s'était effondré en larmes devant les médias aux Jeux olympiques de Pékin en 2022 (zéro médaille), a-t-il rebondi ? C'est d'abord une histoire de ressources profondes, chez ce perfectionniste. "Même si cette année je n'étais pas où je voulais être, j'avais toujours une certaine confiance en moi, de me dire que j'étais toujours capable de skier vite, ce qui n'empêche pas d'avoir des doutes. La confiance au plus profond de moi de pouvoir skier avec les meilleurs, c'était toujours là."
En surface, le masque d'assurance s'est pourtant fissuré. "Il m'a dit avant les Mondiaux qu'il ne se sentait plus capable de gagner, raconte sa femme et attachée de presse Romane Pinturault. Il me disait "un truc a changé au fond de moi". Oui, il n'est plus capable de s'imposer cette pression quotidienne. Il ne savait pas comment il allait réagir émotionnellement, il avait peur, et en fait ç'a été naturel, plus léger qu'espéré."
"Je n'ai jamais douté d'Alexis", lance pour sa part son coéquipier géantiste Thibaut Favrot, supporter aux Mondiaux après avoir mis un terme à sa saison en raison de deux opérations (genou et hanche). "C'est quelqu'un que j'admire, mon idole de jeunesse, je savais qu'il serait capable de rebondir. Il est passé par des périodes de doutes. Depuis son gros globe il est en reconstruction, il recherche des solutions. Il a juste prouvé aujourd'hui qu'il était un énorme champion."
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"Plein de confiance"
Après son titre de mardi, "Pintu" n'a pas touché à ses skis mercredi. En guise de préparation pour le super-G, il s'est contenté de repos et de quelques parties de Brändi Dog, un jeu de société suisse que lui a fait découvrir son ami Loïc Meillard. Il a désormais quatre jours de repos devant lui avant sa deuxième partie de Championnats du monde où il peut viser une moisson historique: qualifications du parallèle le mardi 14 février, avant le tableau principal le 15, puis le géant le 17 et enfin le slalom le dimanche 19.
"Il a des ressources puissantes au fond de lui. En deux courses il a fait le plein de confiance et ce sera sûrement une clé pour la performance en parallèle et en géant", juge Favrot. Pinturault excelle à domicile aussi parce que la piste est "faite pour lui", ajoute son coéquipier. "Dans l'ombre, glacée, c'est son terrain de jeu favori." Le héros local profite également du public, bien qu'assez sage: "Ça fait un an que j'ai une seule envie c'est d'être performant ici, de vivre pleinement ces Championnats du monde. Ça m'apporte un supplément d'âme", conclut-il, sourire aux lèvres.