Il pourrait être le personnage par qui le scandale est arrivé. Selon plusieurs médias américains, Chuck Blazer, ancien secrétaire général de la CONCACAF, la confédération nord-américaine de football affiliée à la FIFA, serait la "taupe" qui a permis à la justice américaine d'interpeller plusieurs cadres dirigeants de la plus haute instance du foot mondial. Europe1.fr dresse le portrait d'un homme dont le parcours sinueux illustre bien l'opacité qui entoure la gestion actuelle du football mondial. Et qui pourrait avoir déclenché un séisme au sein de la FIFA, à deux jours de l'élection de son président.
Un des hommes les plus puissants du foot mondial avant de tomber en disgrâce
Chuck Blazer n'est pas un perdreau de l'année. A 70 ans, ce plantureux New Yorkais a déjà occupé des postes clés dans les instances du foot mondial : membre du comité exécutif de la FIFA de 1996 à 2013, secrétaire général de la CONCACAF jusqu'en 2011 (dont le président, Jack Warner, fait partie des personnes interpellées mercredi), ancien vice-président de la Fédération américaine de football et surtout responsable de la section marketing et télévision de la FIFA à partir de novembre 2010. Une branche essentielle de l'instance du foot mondial puisqu'elle gère directement les négociations autour des droits de retransmission de la Coupe du monde à la télé, un marché de plusieurs milliards d'euros renouvelé tous les quatre ans.
L'homme qui a fait du soccer une success story à l'américaine
Aux Etats-Unis, il est surtout connu pour être l'un des artisans du développement du "soccer" outre-Atlantique, rappelle NBC. Personnage truculent au physique de Père Noël, il explique aux médias s'être inspiré d'un autre cacique de la FIFA pour faire des affaires : le brésilien Joao Havelange, prédécesseur de Sepp Blatter à la présidence et démissionnaire de son poste de président d'honneur en 2013 après avoir été cité dans l'affaire de corruption de l'ISL. Chuck Blazer négocie les contrats de retransmission télé des matches dans son appartement de Manhattan, souvent accompagné de son perroquet, un ara qui ne quitte pas son épaule, raconte le New York Times. Il semble avoir développé un amour immodéré pour ses animaux puisqu'il n'a pas hésité à louer un appartement de luxe à New York pour loger ses chats, comme le détaille le site SBnation.
Surnommé "Monsieur 10%", il part en vacances avec Poutine
Secrétaire générale de la CONCACAF pendant 20 ans, c'est à ce poste que Chuck Blazer a accumulé la plus grande partie de sa fortune estimée aujourd'hui à 21 millions de dollars (soit 19,3 millions d'euros). Il y était surnommé "Monsieur 10%" en référence à la dîme qu'il prélevait sur chacune des transactions passée pour le compte de sa confédération avec des partenaires. Il est également connu pour sa proximité avec Vladimir Poutine, avec qui il part en vacances.
Il n'hésite pas à "charger" son président
Pendant un temps, il siège aussi au comité exécutif de la FIFA, celui-là même qui a attribué l'organisation des Coupes du monde 2018 et 2022. Mais sait louvoyer quand les scandales s'approchent un peu trop de lui, comme en mai 2011 lorsque le comité d'éthique de la FIFA s'intéresse de près à une possible corruption des membres de la CONCACAF, dont les votes pour la présidence de la FIFA auraient été achetés par Mohammed bin Hammam, alors président de la Confédération asiatique de Football. Alors numéro 2 de la CONCACAF et proche collaborateur de son numéro 1 Jack Warner, également impliqué, Chuck Blazer accuse publiquement ce dernier, comme le rappelle InsideWorldFootball. Mais en 2013, il est rattrapé par la commission de la FIFA qui épingle sa gestion de la CONCACAF et les millions de dollars qu'il a empochés sur cette période. Suspendu un mois et demi dans la foulée, il démissionne et livre aujourd'hui un tout autre combat. Il est en effet atteint d'un cancer du côlon.