Si vous êtes un fidèle auditeur d'Europe 1, vous savez déjà tout le bien que Richard Virenque, 2ème du Tour de France 1997 et septuple vainqueur du classement de la montagne, pense de Julian Alaphilippe. Notre ancien consultant a toujours été admiratif du potentiel de celui qui est l'un de ses héritiers, avec le panache en valeur cardinale.
"Je me doutais qu'il allait faire un grand Tour parce qu'il était venu me voir cet hiver en vacances à Saint-Martin", a-t-il expliqué dans Le Club Tour, dimanhe soir. "Il m'a surpris, et je crois que le plus grand moment sur ce Tour de France, c'est le contre-la-montre individuel, où il s'est sublimé."
Et à la question de savoir si Alaphilippe a les moyens de remporter le Tour un jour, l'ancien vainqueur de Paris-Tours n'hésite pas une seule seconde. "Julian est capable de gagner le Tour", affirme-t-il. "Il nous a fait un début de saison canon, alors que, cet hiver, j'ai passé un moment avec lui, et il avait alors vraiment débranché avec le vélo. Il me disait, 'Dans la haute montagne, dans les Pyrénées, je vais exploser" et vous avez vu ce qu'il a fait, il était là à faire les sprints, à être avec les meilleurs, alors qu'il ne s'était jamais économisé dans les étapes d'avant. Parce qu'en général, quelqu'un qui veut gagner le Tour, il ne va pas faire le show sur le plat ou chercher des bidons pour ses équipiers sprinteurs. Julian, il a donné à tout le monde, donc il faudra, s'il veut gagner le Tour, qu'il change sa façon de faire. Reste à savoir s'il voudra le gagner dès la saison prochaine…"
Visiblement, si l'on s'en tient aux déclarations du coureur, dimanche soir, à l'arrivée du Tour, ce ne sera pas le cas. "Pour le classement général, peut-être que cela viendra dans les années à venir mais pour l’année prochaine, j’ai dans la tête de découvrir le Tour des Flandres, et pas du tout le classement général du Tour de France", a déclaré Alaphilippe dimanche soir, s'inscrivant dans la logique du manager de son équipe, Patrick Lefévère, pour lequel il est déjà trop tard pour construire une équipe autour de lui pour 2019.
"Quand tu veux gagner le Tour, il faut avoir une équipe autour de toi", reconnaît Richard Virenque. "Quand il était en montagne, il avait un leader (l'Espagnol Enric Mas) qui se muait en équipier. Mais quand on veut gagner le Tour, il faut embaucher de vrais grimpeurs, comme le fait l'équipe Ineos. Il faut des coureurs de talent autour de soi pour pouvoir gagner le Tour." Richard Virenque estime que la problématique est la même pour Thibaut Pinot (Groupama-FDJ).
"Marc Madiot (manager de l'équipe, ndlr), il doit vraiment recruter pour l'année prochaine parce que Thibaut, il est arrivé sur le Tour en super forme, il était au top, mais malheureusement, d'entrée de jeu, quand j'ai regardé les effectifs, je me suis dit 'Le pauvre, il va vite être esseulé' dans la montagne", raconte Richard Virenque. "Même si (David) Gaudu était là pour accélerer, il restait encore quinze coureurs dans le groupe des favoris à ce moment-là, et c'était fini après, il n'y avait plus personne derrière…"
Cette année, Egan Bernal et Geraint Thomas, de la même équipe Ineos, ont souvent pu compter sur l'apport de Wout Poels, et Steven Kruisjwijk (Jumbo-Visma), 3ème sur le podium à Paris, a eu le soutien de George Bennett et Laurens De Plus jusque très tard dans les montées.