"Ça nous pousse tous à devenir meilleur" : Stefanos Tsitsipas, numéro 5 mondial et double finaliste en Grand Chelem, cherche encore la clé face au numéro 1 mondial Carlos Alcaraz avant leur quart de finale de Roland-Garros mardi et considère chaque occasion de le défier comme source de progrès. Invité à qualifier son quart de finale à venir contre Alcaraz, "c'est le clash qu'on attendait tous", estime le Grec de 24 ans.
Objectivement, le choc anticipé depuis le tirage au sort se trouve plutôt dans la potentielle demi-finale entre le jeune Espagnol et Novak Djokovic, les deux principaux favoris de Roland-Garros en l'absence de Rafael Nadal. Pour autant, le duel programmé en soirée entre Tsitsipas et "Carlitos" reste alléchant. Et, même mené 4-0 (2-0 sur ocre) dans ses face-à-face avec le protégé de Juan Carlos Ferrero, pas question de se décourager pour le finaliste de l'édition 2021.
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Intensité
"Carlos maintient une haute intensité tout le temps. C'est quelqu'un qui ne va pas vous offrir des moments d'inattention. Il est hyper énergique, ça se voit sur le court, dans les rallyes, dans sa manière de jouer, décrit Tsitsipas. Et bien sûr il a ce sourire, qui l'aide beaucoup comme il le dit. En ce moment, c'est un des plus gros défis à relever, un des plus gros obstacles à franchir." "Ça nous pousse tous à devenir meilleur. Ce genre de rivalité, c'est ce qu'il y a de plus difficile dans notre sport. Mais en quelque sorte, jouer contre lui le plus souvent possible vous donne peut-être plus de chances de le battre, c'est ce que je recherche", estime-t-il.
Sa dernière expérience, en finale à Barcelone fin avril, n'avait pas été concluante. Dominé 6-3, 6-4 en moins d'une heure et demie, Tsitsipas avait préféré en plaisanter. "Carlos, détends-toi, mon frère, détends-toi. Aimer, c'est partager", avait-il lancé à Alcaraz. C'est que le gamin bondissant d'El Palmar (à côté de Murcie) est du genre pressé. A peine plus de deux ans et demi se sont écoulés entre son premier match gagné sur le circuit ATP, en février 2020, et son accession au trône de N.1 mondial, en septembre dernier, dans la foulée de son premier sacre en Grand Chelem, à l'US Open.
Sa saison 2023, même lancée tardivement mi-février en raison d'une blessure musculaire qui l'a privé d'Open d'Australie, est déjà riche, avant Roland-Garros, de quatre trophées en sept tournois joués. "Je n'ai jamais eu la possibilité d'être plus agressif, décrit sa plus récente victime, le talentueux Italien Lorenzo Musetti (18e), autre visage appelé à incarner la nouvelle génération du tennis mondial, éteint 6-3, 6-2, 6-2 en huitièmes de finale. J'étais trop dans la précipitation, trop dans la confusion, (...) pas lucide. Mais bien sûr, il y a quelqu'un de l'autre côté du filet."
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Triple exigence
"Il a vraiment bien servi, et on sait que c'est un des joueurs qui se déplacent le mieux sur le circuit, qu'il aime faire des amorties et tourner autour de son revers, avec son coup droit agressif et lourd. Je pense qu'il a montré aujourd'hui (dimanche) qu'il pouvait sûrement gagner le tournoi, poursuit-il. C'est un joueur complet, physiquement, mentalement, et +tennistiquement+. En ce moment, c'est vraiment difficile de le battre, surtout sur terre battue." "Je suis un grand fan", avoue le Canadien Denis Shapovalov, dominé lui par Alcaraz au troisième tour. "Il est super humble avec ce qu'il a accompli aussi jeune. On voit à quel point il apprécie d'être sur le court, et ce qui lui arrive. Ce n'est pas facile d'être N.1 si jeune, avec toutes les attentes autour de lui. Je l'admire vraiment."
Fort de 24 matches gagnés en 26 joués sur ocre en 2023, et de trois titres, à Buenos Aires, Barcelone, et surtout Madrid, plus une finale à Rio, Alcaraz est sûr de sa force. "Je me sens très bien physiquement, c'est très important en Grand Chelem. Je suis frais mentalement. Et 'tennistiquement', j'impose un rythme assez élevé", résume-t-il.
"Je sais que si mes adversaires veulent me battre, ils doivent avoir une exigence au niveau mental, tennistique et physique très, très haute, ce qui est très compliqué à maintenir" tout un match, souligne Alcaraz. "Je dis toujours que les très bons, Djokovic, Rafa (Nadal), Federer, qui ont dominé en Grand Chelem pendant autant de temps, c'est parce qu'ils ont la capacité de maintenir très longtemps" cette triple exigence, "en ce sens, j'essaie de leur ressembler".