Tout a changé ou presque. Depuis son arrivée cet automne à la tête du XV de France, Guy Novès a fait souffler un vent nouveau sur l'équipe. A l'heure d'affronter le Pays de Galles à Cardiff vendredi, les Bleus ont enchaîné deux victoires face à l'Italie (23-21) et l'Irlande (10-9) pour leurs deux premières rencontres du Tournoi des Six Nations. Sur le terrain et en dehors, la stratégie du sélectionneur est en rupture totale avec celle de son prédécesseur.
"Tout le monde se sent impliqué". "Pendant 15 jours, on a vécu des choses importantes à l'intérieur, qui nous regardent et ne vous regardent pas, mais qui font que tout le monde se sent impliqué", a affirmé jeudi le sélectionneur des Bleus. C'est là l'un des atouts-clefs de l'ancien entraîneur toulousain. Guy Novès accorde une importance primordiale à la préparation mentale.
Proche de ses joueurs. "Claude Labatut, qui m'a entraîné pendant quatre ans au Stade Toulousain, m'a appris l'importance de l'approche humaine, au-delà de la technique et de la compétition. Ma façon humaine de fonctionner auprès de mes joueurs et de mon staff, c'est le moteur de la vie, tout simplement", confiait-il au moment de sa prise de fonctions cet automne. "Pour tirer le meilleur des joueurs et surtout leur permettre d'exprimer le meilleur d'eux-mêmes, je pense qu'il faut leur donner beaucoup. Ils savaient tous que quelle que soit l'heure de la journée et de la nuit, ils pouvaient compter sur moi".
Entraîneur qui murmure à l'oreille de ses joueurs, "il agit comme un père de famille auprès de ses ouailles", estime notre consultant Eric Blanc. Et cela marche. Les dix titres de champion de France et les quatre Coupes d'Europe conquis avec Toulouse doivent beaucoup à cette philosophie de management.
Ni smartphones, ni réseaux sociaux. Le sélectionneur du XV de France a décidé de limiter la communication de son groupe au strict minimum. "Nous pensons que les joueurs de rugby ne sont pas des représentants commerciaux, mais des joueurs de rugby. Il faut bien en prendre conscience", a-t-il justifié. Surtout, il s’agit de préserver la concentration des joueurs sur leur unique objectif, le match à venir. Ce qui explique aussi pourquoi les smartphones et les réseaux sociaux sont désormais bannis de Marcoussis.
Une méthode participative. Si le groupe doit communiquer, c’est donc avec l’équipe et l’encadrement qu’ils doivent le faire. Chaque entraînement est suivi d’un retour oral de quinze minutes entre les joueurs et le staff, à base de questions-réponses. Car Guy Novès ne veut pas laisser s’installer les non-dits. Les joueurs, en fonction de leurs ressentis, ont aussi leur mot à dire sur le projet de jeu.
Liberté d’initiative. "Ce staff nous permet de prendre des initiatives pour le bien de l'équipe. Peut-être qu'avant, on pouvait moins le faire", a reconnu Maxime Médard mardi. "Ce que je trouve différent des autres années, c'est que les joueurs prennent vraiment à leur compte le projet de jeu : on n'attend pas qu'on nous donne tout sur un plateau, on essaie aussi de dire quand ça nous va ou pas", a insisté l’arrière, qui ne s'était jamais imposé sous Philippe Saint-André et qui sera titulaire pour la troisième fois consécutive vendredi soir. "Ce qui se faisait avant était avant. Aujourd'hui, tout est fait pour que les joueurs se sentent bien sur le terrain, qu'on comprenne vraiment ce qu'on nous demande de faire et qu'on soit content de se faire plaisir", a estimé de son côté l'ouvreur Jules Plisson. Le jeu du XV de France s’en ressent. Dans les phases offensives et les déplacements, là aussi, l’accent est mis sur la prise d’initiative.
La chance aux jeunes. Vendredi, sept des quinze titulaires alignés face au Pays de Galles ont moins de dix sélections au compteur. L’ailier Djibril Camara, 26 ans, champion de France en titre avec le Stade français, honorera même sa première cape. Guy Novès s’attache surtout à concerner tous ses joueurs. Certains, plus ou moins bannis sous l’ère PSA, font leur retour en bleu, tels que Maxime Médard, François Trinh-Duc, Maxime Mermoz ou Maxime Machenaud. Et la mayonnaise prend. Mais il ne faut pas oublier que les deux premiers matches du Tournoi ont été gagnés à l’arrachée et à domicile. Les joueurs comme le staff s’en contenteraient assurément, vendredi soir à Cardiff, face à un Pays de Galles ultra-favori.