Rugby : les clubs disent non à Patrick Buisson, le candidat de Bernard Laporte

Bernard Laporte ffr
Le candidat proposé par Bernard Laporte, Patrick Buisson, a été refusé par 51,06% des clubs de rugby français. © FRANCK FIFE / AFP
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avec AFP
La Fédération française de rugby a annoncé jeudi que la désignation de Patrick Buisson comme président-délégué de la FFR, sur proposition de Bernard Laporte, avait été rejetée par les clubs, à 51,06%, lors d'une consultation ouverte aux quelque 1.500 clubs français. Un revers pour l'ancien sélectionneur, désormais fragilisé.

La désignation de Patrick Buisson, vice-président chargé du rugby amateur et remplaçant désigné par Bernard Laporte à la tête de la FFR, a été rejetée par une majorité des clubs amateurs. À une dizaine de jours de l'ouverture du Tournoi des six nations et à sept mois du Mondial 2023 en France (8 septembre-28 octobre), c'est un revers pour le camp Laporte, désormais fragilisé : les quelque 1.500 clubs, qui ont participé à 90,46% à cette consultation étalée sur trois jours, ont dit non à Buisson à 51,06%.

 

Le comité directeur de l'instance dirigeante du rugby français se réunira vendredi au CNR de Marcoussis, en présence de la ministre des Sports, Amélie Oudéa-Castéra, "pour statuer sur les suites à donner" à ce vote, a indiqué la FFR.

Quelle suite pour la présidence de la FFR ?

La suite ? Deux possibilités existent : soit Bernard Laporte propose un nouveau candidat au poste de président délégué - entraînant ainsi un nouveau référendum -, soit de nouvelles élections fédérales sont organisées, dans un délai de six semaines. "Les clubs se sont mobilisés, le vote est très représentatif et le non l'emporte en dépit de la proximité de la Coupe du monde", a expliqué à l'AFP Florian Grill, principal opposant à l'actuelle direction de la FFR.

"Ce n'est pas une défaite de Patrick Buisson ou une victoire d'Ovale Ensemble. C'est un message qui dit que les clubs veulent tourner la page (...) Il appartient au comité directeur de se montrer responsable en organisant des élections générales. C'est la demande des clubs. Faisons des élections rapides, réunissons le rugby et rassemblons-le pour réussir un enjeu majeur et préserver notre équipe de France", a ajouté le président de la Ligue Île-de-France, qui sera candidat en cas de nouvelles élections.

"Il faut juste que le comité directeur soit respectueux de la parole des clubs et ait le sens des responsabilités. Il faut préserver la Coupe du monde et ne pas s'enferrer dans une proposition de candidats à l'infini qui serait dangereuse pour le rugby", a ajouté Florian Grill.

"Stabiliser rapidement une gouvernance claire et légitime", souhaite la ministre des Sports

À 67 ans, Buisson voulait "incarner la fin des affaires". Cet ancien demi de mêlée, chargé du rugby amateur à la Fédération, n'a visiblement pas convaincu ses troupes. "Je prends note de ce résultat et me rendrai demain matin (vendredi, NDLR) au siège de la Fédération pour l'ouverture de la réunion du comité directeur, afin d'en évaluer les conséquences avec l'ensemble de ses membres. Ils poursuivront leur comité durant la matinée avec la responsabilité de statuer sur les suites à donner à cette expression démocratique engageante", a expliqué Oudéa-Castéra dans un communiqué.

 

"J'ai confiance dans le fait que ces échanges permettront de trouver un chemin pour stabiliser rapidement une gouvernance claire et légitime, tout en continuant à préparer efficacement et sereinement, tant sur le plan sportif qu'organisationnel, la Coupe du monde 2023 que notre pays a l'honneur d'accueillir", a ajouté la ministre.

Une date remise en cause

Président de la FFR depuis décembre 2016, Bernard Laporte a été condamné le 13 décembre à deux ans de prison avec sursis pour avoir noué un "pacte de corruption" avec l'homme d'affaires et président du club de Montpellier Mohed Altrad. Ayant fait appel de la décision, sa peine, assortie d'une interdiction d'exercer son activité de président de la FFR, n'est pas immédiatement exécutoire.

L'ancien sélectionneur des Bleus refuse à ce titre de démissionner mais a accepté, sous la pression conjointe de la ministre des Sports, de la Ligue nationale de rugby (LNR) et du comité d'éthique de la FFR de se mettre en retrait derrière un président délégué jusqu'au procès en appel, qui ne devrait intervenir qu'après le Mondial 2023. Laporte a été placé en garde à vue quelques heures mardi, au lendemain de l'ouverture du vote, dans une affaire de blanchiment de fraude fiscale aggravée mais en est ressorti libre sans poursuite à ce stade.

"Il est parfaitement scandaleux que le parquet ait choisi la date de l'élection de M. Patrick Buisson pour fixer celle de l'audition et que la divulgation de cette audition ait été faite le jour-même", avait alors lancé l'un des avocats de Laporte, Me Jean-Pierre Versini-Campinchi, fustigeant auprès de l'AFP "un acharnement du PNF".