Le skieur Français Alexis Pinturault s’est imposé devant son public lors de l’épreuve du combiné des Mondiaux 2023 après plusieurs mois sans résultats probants. Un titre qu'il qualifie d'"inespéré" pour celui qui a connu un long trou d'air et un début de saison difficile.
Journaliste : Quelle saveur possède ce titre de champion du monde ?
Alexis Pinturault : "C'est assez incroyable, surtout que ce n'était pas forcément attendu. J'avais forcément l'envie, la motivation de donner le meilleur de moi-même pour cet événement. Mais il fallait être aussi réaliste: je fais un début de saison où j'accroche un seul podium, je suis régulièrement dans les six, sept premiers mais jamais sur "la boîte" (le podium). Donc de pouvoir chercher une médaille d'or, c'était inespéré. Surtout au vu des deux derniers slaloms, qui étaient Schladming et Kitzbühel, où je n'arrive pas à prendre la qualification en deuxième manche.
Peut-être que mon début de saison a aidé: si j'arrive et je que je fais partie des favoris, automatiquement on attend beaucoup de moi et c'est normal. Là, j'arrive dans une situation où je n'ai pas fait grand-chose. Donc peut-être que c'est plus facile, d'une certaine manière."
Journaliste : Quelle différence y a-t-il sur le plan émotionnel entre ce titre mondial et celui de 2019, dans le combiné d'Are (Suède) ?
Alexis Pinturault : "Rien que cette médaille va mettre les médailles des autres Championnats du monde complètement en arrière-plan. Si on parle de victoire, d'une seule épreuve, on peut dire que c'est la plus belle de ma carrière. Elle est pleine d'histoires: je gagne en France, et encore plus, dans ma station, donc ça ajoute un supplément d'âme."
Journaliste : Comment avez-vous réussi à rebondir après vos mauvaises saisons ?
Alexis Pinturault : "Je pense que j'ai vraiment à coeur de profiter de cette quinzaine devant ce public, dans ma station, devant ma famille et mes amis. C'était le plus important: pouvoir profiter de cette atmosphère, de cette chance. Je sais qu'un championnat du monde dans mon village, je n'en vivrai qu'un. C'est une chance qui n'est pas donnée à beaucoup d'athlètes, mais elle m'est donnée, donc j'ai voulu surfer là-dessus."
Journaliste : L'an dernier, vous aviez touché le fond. Qu'est-ce que ça vous a apporté pour aujourd'hui ?
Alexis Pinturault : "L'année dernière m'a permis de me poser les bonnes questions, de savoir si j'avais envie de continuer. Si je suis encore là, c'est parce que j'en avais encore la motivation. ça m'a permis d'aller au plus profond de moi-même, pour savoir ce dont j'avais envie, et ensuite il a fallu remettre tout ça en forme. Toute cette expérience m'a permis d'apprendre ce dont je suis capable, que ce qui se passe sur le circuit classique, il faut le mettre de côté quand on arrive dans ces grands événements."
Journaliste : Pensez-vous avoir servi de tremplin pour l'équipe de France ?
Alexis Pinturault : "C'est un bon début. Je sais ce que c'est d'arriver en deuxième semaine alors qu'il n'y a pas de médailles. Automatiquement, il y a un peu plus de pression, une forme d'anxiété, que ce soit chez les entraîneurs, chez les médias, chez les athlètes, on commence à le percevoir. Ça peut faire du bien à tout le monde."