Jean Le Cam Kevin Escoffier 4:33
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Mathilde Durand, avec AFP , modifié à
Après une nuit d'angoisse, Kevin Escoffier, troisième de la course et victime d'une lourde avarie lundi, a été retrouvé sain et sauf sur la course du Vendée Globe. Il a été secouru par un autre skipper, Jean Le Cam. Le directeur sportif de la course en solitaire, Jacques Caraës, raconte ce sauvetage sur Europe 1.
INTERVIEW

Une nuit riche en émotion sur la course en solitaire du Vendée Globe. Après l'émission d'un signal de détresse et une mission de sauvetage de plusieurs de ses concurrents, Kevin Escoffier, troisième de la course, a bien été récupéré sain et sauf par Jean Le Cam après avoir déclenché une balise de détresse, lundi. Dans une mer démontée, quatre skippers étaient partis à sa recherche. Jean Le Cam a été le premier à rejoindre la zone d'émission de la balise de détresse, deux heures après l'alerte. Jacques Caraës, directeur sportif de la course à la voile et en solitaire, raconte sur Europe 1 ce sauvetage incroyable.

"C'était une nuit particulière, on a eu un appel de détresse à 15h10, heure française, lundi après-midi. Cela nous a permis de mettre tout de suite en situation Jean Le Cam qui était le plus près, pour se dérouter vers Kevin Escoffier. On n'avait pas beaucoup de renseignements, on savait simplement que le bateau avait subi un choc très important. Il s'était cassé en deux", se souvient-t-il. "Les situations météorologiques étaient critiques : de la mer de 4 à 5 mètres, un vent fort de 35 nœuds moyens, une mer très formée, voire très mal rangée."

Grâce au signal de détresse, les organisateurs avec l'aide des secours sud-africains donnent une première position à Jean Le Cam, qui s'y rend difficilement. "Il a aperçu le bateau mais l'a perdu de vue, car il était obligé de manœuvrer, de réduire de la toile. A la tombée de la nuit on a perdu carrément le repérage du canot de survie de Kevin", confie Jacques Caraës. "La situation était critique."

Trois autres skippers déroutés

Pour maximiser les chances de retrouver le navigateur vivant, l'organisation de la course déroute trois autres skippers : Yannick Bestaven (Maître Coq), Boris Herrmann (Seaexplorer-Yacht Club de Monaco) et Sébastien Simon (Arkéa Paprec). "On a mis un triangle de quadrillage en place en donnant des informations à quatre bateaux pour tâcher de retrouver un peu comme une aiguille dans une meule de foin", explique le directeur du Vendée Globe. "Par l'assistance de météo France sur un simulateur de dérive, on a pu revenir sur le radeau de survie." Après onze heures d'inquiétude, le skipper de 40 ans est sauvé, récupéré par Jean Le Cam. 

"Kevin a sauté à l'eau puisque le bateau s'est cassé brutalement deux. Il a été obligé de revêtir sa combinaison de survie en quelques secondes", raconte Jacques Caraës. "C'était quelque chose de très particulier et intense, heureusement qu'il y a un bon sens maritime dans tout cela." "Un énorme soulagement ! Kevin est bien à bord de Hubert sain et sauf", a également tweeté le sauveteur du jour, Jean Le Cam. 

Pour le skipper de l'équipe PRB, la course est désormais terminée. Quant aux navigateurs déroutés pour l'aider, les heures consacrées au sauvetage pourront être décomptés de leur temps de course. "La course reprend ses droits. Il y a deux hommes sur le même bateau, pour une course en solitaire c'est impossible", plaisante Jacques Caraës. "Il est impossible que Jean revienne sur le cap de Bonne Espérance avec des vents contraires donc il va s'enfoncer dans l'Océan Indien, et aux alentours des îles Australes on va tâcher, probablement avec le bateau de la marine nationale qui fait la surveillance des pêches, de faire un rapatriement."