Une heure de rêve, 20 dernières minutes sous haute tension puis une immense joie. Le XV de France, considérablement rajeuni, a réalisé l'exploit de battre l'Angleterre (24-17), vice-championne du monde en titre, dimanche en ouverture du tournoi des Six Nations. Les jeunes Bleus ont d'abord déroulé une partition de rêve pendant une heure, menant 24 à 0 face à des Anglais complètement dépassés et étouffés. Mais le XV de la Rose, piqué dans son orgueil, a réagi en deuxième période pour revenir au contact et faire souffler un vent de panique sur le stade de France.
Les fantômes du passé, d'années de désillusions et de "défaites encourageantes", ont alors resurgi. Mais, contrairement à leurs aînés, ce XV de France "new look" a su conserver son avance, au courage et dans la douleur, pour signer une superbe victoire dans le "crunch". Le mandat de Fabien Galthié, le nouveau sélectionneur, ne pouvait pas mieux débuter.
Une heure presque parfaite
Eddie Jones, le sélectionneur de l'Angleterre, avait promis une "brutalité absolue" aux jeunes Français. Mais pendant une heure, ce sont bien les Anglais qui ont subi la furie bleue. Il n'a fallu que six minutes à l'ailier Vincent Rattez, titulaire grâce au forfait de Damian Penaud, pour inscrire le premier essai, avant de briser la défense anglaise pour le deuxième essai du capitaine Charles Ollivon, moins d'un quart d'heure plus tard (20e).
Impressionnants dans les duels, impeccables en défense et cliniques en attaque, les jeunes Bleus ont tout simplement livré un récital pendant presque une heure. Ce "crunch" a même semblé plier après le deuxième essai d'Ollivon, pour porter le score à 24-0, dans un stade de France en délire.
Une fin de match étouffante
Méconnaissables, les Anglais ont alors brutalement haussé le ton juste avant l'heure de jeu. En à peine sept minutes, l'ailier Jonny May a inscrit deux essais, coup sur coup (58e et 64e), pour remettre le XV de la Rose dans le match (24-14). Allait-on, comme lors du quart de finale perdu de justesse face au pays de Galles à la dernière Coupe du monde (20-19), revivre une énième désillusion ?
Le suspense a été haletant dans les dernières minutes mais les Français, recroquevillés dans leurs 22 mètres, ont admirablement résisté grâce à une solidarité sans faille. Ce jeune XV de France n'est peut-être pas encore parfait, mais il est vraiment plein de promesses. A eux, désormais, de poursuivre sur leur lancée pour tourner, enfin, la page d'années de frustrations.