Têtes de série, qualifiés, wild-cards... Ces termes sont des incontournables des tournois de tennis, et Roland-Garros, tournoi du "Grand Chelem", ne déroge pas à la règle. À l'occasion du début de l'édition 2024 ce lundi 20 mai, Europe 1, radio officielle de l'événement, vous détaille ce vocabulaire spécifique que les curieux et les amoureux du tennis entendent chaque année à Roland-Garros.
Les tournois du Grand Chelem, la plus haute catégorie du tennis
En commençant tout d'abord par deux mots très souvent entendus, "Grand Chelem". Il s'agit de la catégorie de tournoi la plus haute dans le monde du tennis. Il y a quatre événements dans une saison appartenant à cette catégorie : l'Open d'Australie, Roland-Garros, Wimbledon et l'US Open. D'ailleurs, l'expression "réaliser le Grand Chelem" signifie remporter tous ces tournois dans une même saison. Une prouesse que l'ancien numéro 1 mondial Novak Djokovic a failli accomplir en 2021.
Historiquement, le terme "Grand Chelem" remonte aux années 1930, quand un joueur australien, Jack Crawford, avait, lui aussi, été proche de gagner ces quatre compétitions en une seule année. Ce sont deux journalistes du New York Times qui auraient alors inventé cette expression, inspirée du bridge et du golf. Une expression popularisée ensuite au milieu des années 1950.
"Jeu, set et match" : le vocabulaire d'une partie
Un match de tennis renferme aussi des termes spécifiques employés soit par l'arbitre de chaise, soit par les commentateurs. Au premier chef la célèbre expression "jeu, set et match", pour désigner le vainqueur d'une partie. Chaque "jeu" se joue en quatre points gagnants (appelés 15, 30, 40 et jeu), et si les deux athlètes sont à égalité à 40-40, ils doivent être départagés par deux points d'écart. Il faut obtenir six jeux pour empocher le "set", c'est-à-dire la manche. Et au cas où les deux joueurs sont à six jeux partout, un "jeu décisif" ou "tie-break" est organisé.
Chaque jeu se dispute sur le service d'un des deux participants. Si un joueur concède son engagement, on dit que son adversaire réalise le "break". Le vainqueur est celui ou celle qui remporte le plus de sets, et dans le format d'un tournoi du Grand Chelem, les hommes doivent en gagner trois, et deux pour les femmes.
Comment sont désignées les têtes de série
Dans un tournoi de tennis, il existe de multiples statuts pour les participants. D'abord, les 32 joueurs les mieux classés bénéficient d'un avantage notable : ils sont "têtes de série", c'est-à-dire qu'ils ne peuvent pas s'affronter dès les premiers tours du tournoi. Leur nom est suivi d'un numéro dans les tableaux, et à Roland-Garros, leur hiérarchie est uniquement déterminée par leur classement mondial. C'est pourquoi logiquement le numéro 1 mondial Novak Djokovic aura le numéro... 1.
Au moment du tirage au sort, ces participants sont donc protégés. Les quatre premières têtes de série sont placées chacune dans l'une des quatre parties de tableau afin qu'elles ne puissent pas se rencontrer avant les demi-finales. Les deux premières sont elles d'un côté et de l'autre pour ne pouvoir s'affronter qu'en finale. Par exemple, Rafael Nadal et Roger Federer se sont disputés le titre à plusieurs reprises porte d'Auteuil alors qu'ils bénéficiaient des deux premières têtes de série.
Sur les 128 participants, 32 ont ce statut. Le tableau est constitué de sorte qu'aucune rencontre entre têtes de série n'ait lieu avant le troisième tour. Ces joueurs affrontent donc des adversaires moins bien classés lors des premiers jours du tournoi.
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Qui sont les "qualifiés" de Roland-Garros ?
Pour avoir le privilège d'intégrer les grands tableaux, certains joueurs doivent batailler lors de la semaine des qualifications qui s'ouvre ce lundi 22 mai. Ce sont ceux qui sont classés en dehors du top 100 mondial. En cas de succès, ils deviennent les "qualifiés" de Roland-Garros, désignés par la lettre Q à côté de leur nom.
À l'issue de ces qualifications, 16 joueurs et 16 joueuses remportent le droit de disputer le tournoi principal. Mais à l'inverse des têtes de série, ils ne sont pas protégés dans les grands tableaux et peuvent rencontrer les mieux classés dès le premier tour. Malgré tout, certains ont brillé par le passé dans le Grand Chelem parisien, à l'image de l'Argentine Nadia Podoroska qui avait atteint les demi-finales du simple féminin en 2020.
Les lucky losers, "heureux perdants" repêchés par les organisateurs
Parmi les éliminés des qualifications, certains joueurs peuvent avoir la chance d'être repêchés par les organisateurs de Roland-Garros. Il s'agit des "lucky losers", soit les heureux perdants. À la fin de la semaine de "qualif", la direction dresse la liste des "meilleurs perdants" des matches du troisième tour des qualifications, en se basant sur le classement ATP et WTA. Ces joueurs doivent parapher une feuille de présence les jours du premier tour du tableau principal pour signifier qu'ils sont prêts à jouer en cas de forfait.
Ces défections ont parfois été nombreuses : pas moins de huit par exemple lors de l'édition 2018. Cette année-là, l'Argentin Marco Trungelliti, 190e mondial et éliminé au troisième tour des qualifications, avait dû effectuer un trajet Barcelone-Paris en catastrophe pour venir remplacer un joueur absent, et il avait même remporté son premier tour !
Les joueurs invités qui bénéficient d'une "wild-card"
D'autres joueurs gagnent le droit de participer grâce à des invitations des organisateurs, que ce soit pour les qualifications ou pour les grands tableaux. Il s'agit des wild-cards, abrégées WC. Chaque tableau principal en compte huit. Parmi ces invitations, six proviennent de la Fédération française de tennis (FFT) et les deux autres sont attribuées par la fédération australienne (Tennis Australia) et la fédération américaine (USTA) dans le cadre d'un accord, rappelle le site officiel de Roland-Garros.
Les noms des joueuses et des joueurs "invités" par la direction sont d'ores et déjà connus. La FFT choisit régulièrement des jeunes Français prometteurs, des vainqueurs de tournois challengers ou des figures du circuit qui ne disposent pas d'un classement mondial suffisamment élevé pour intégrer directement le grand tableau.
Il peut arriver qu'un joueur invité par les organisateurs réalise une grande performance. À l'image d'Hugo Gaston, qui était parvenu jusqu'en huitième de finale du tournoi lors de l'édition 2020, la meilleure performance tricolore cette année-là.
Le classement protégé, pour les joueurs revenant d'une longue absence
C'est le dernier statut qui permet d’octroyer une place dans le tableau principal sans passer par les qualifications. Le classement protégé est attribué à des joueurs et des joueuses auparavant bien classés mais qui ont dû mettre leur carrière en suspens. Dans la majorité des cas, la cause est une longue blessure, ce qui les fait chuter irrémédiablement au classement. Rafael Nadal en a d'ailleurs bénéficié lors de l'édition 2024, pour ce qui pourrait être son dernier match à Paris.
Dans certains cas, la raison n'est pas forcément une longue blessure. En 2022, l'Allemande Tatjana Maria avait ainsi été bénéficiaire de ce statut après avoir accouché de son deuxième enfant en avril 2021.