Tour de France : comment la Slovénie est devenue un pays de vélo

Grâce à une longue montée en puissance, la Slovénie est devenue une terre de vélo.
Grâce à une longue montée en puissance, la Slovénie est devenue une terre de vélo. © Théo Maneval/Europe 1
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Théo Maneval (depuis Ljubljana), édité par Ugo Pascolo
Réputée pour ses basketteurs, volleyeurs ou skieurs, la Slovénie est devenue en quelques années une terre de vélo capable de truster les deux premières places du Tour de France 2020. Une longue montée en puissance portée par d'anciens professionnels restés dans l'ombre, et par l'État.
REPORTAGE

Environ 1.600 licenciés, dont 70 professionnels. Avec de tels effectifs, rien de laissait présager que la Slovénie devienne une terre de vélo. Habituée à briller en basket - champions d'Europe 2017 - ou en volley - vice-champions d'Europe en 2019 - la Slovénie truste pourtant les deux premières places du podium de ce Tour de France 2020, avec Primoz Roglic en jaune et Tadej Pogacar en dauphin. Un exploit qui suscite l'engouement de tout un pays, mais aussi du patron de la Fédération slovène de cyclisme, Ales Kalan.

 

Le fruit d'une longue montée en puissance...

"Quand j'étais jeune coureur et que j'ouvrais les journaux, je voyais Hinault, Fignon, c'étaient nos Dieux à l'époque", confie-t-il au micro d'Europe 1. Mais "aujourd'hui ce sont les nôtres qui gagnent le Tour et je ne trouve même pas les mots." Pourtant, ces performances ne doivent rien au hasard : c'est le fruit d'une longue montée en puissance puisque dès le début des années 2000 le pays compte de bon coureurs dans ses rangs. 

Certes ils n'étaient pas champions, mais quand ils ont pris leur retraite ils sont devenus entraîneurs. Et ça a tout changé, explique Ales Kalan. "Nos jeunes ont pu profiter de leurs expériences, de leurs stratégies, mais aussi de leur préparation au niveau mental, et je crois que c'est le plus important. C'est ça qui fait des champions."

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© Théo Maneval/Europe 1

... et de l'aide de l'État

De son côté, l'État slovène a lui aussi poussé ses espoirs, notamment en construisant un vélodrome flambant neuf dans la ville de Novo Mesto, dans le Sud-Est du pays. C'est ici que s'entraîne la plus grosse écurie nationale, la "Adria Mobil", celle qui a fait éclore Primoz Roglic. Et c'est sur cette même piste que s'entraîne Adam, une jeune pousse prometteuse de 17 ans qui enfourche un vélo tous les jours. Un rythme effréné possible grâce à des horaires scolaires spécifiques au pays. 

"En général, on commence l'école à 7 heures, et on finit à 13 ou 14 heures. Donc on peut s’entraîner ensuite avec l'équipe", explique le jeune homme qui rêve de passer pro. 

Néanmoins, cette montée en puissance n'est pas dépourvue d'une ombre au tableau. Elle est d'ailleurs considérable : 42% des coureurs passés pro entre 2009 et 2019 ont été suspendus pour dopage. Un record selon les chiffres compilés par le quotidien Le Monde. En 2019, la Slovénie se classait à la deuxième place des pays enregistrant le plus de cas de dopage, juste derrière... la Colombie.