Pour eux, c'est le grand rendez-vous de la saison. Les meilleurs cyclistes français se retrouvent samedi à Brest (Finistère) pour le grand départ de la 108e édition du Tour de France. Si remporter le maillot jaune le 18 juillet à Paris semble plutôt loin de leur portée, quelques coureurs tricolores ont les capacités d'au moins briller sur des étapes. Depuis 2000, il y a toujours eu un cycliste français en première place d'une course. Cette année, le champion du monde en titre, Julian Alaphilippe (Deceuninck-Quick-Step) est une nouvelle fois celui qui va capter l'attention des spectateurs. Il pourrait profiter d'un début de Tour quasiment fait pour lui.
D'autres représentants tricolores peuvent également s'illustrer dans un parcours varié. L'ancien coureur français Richard Virenque, sept fois vainqueur d'étape sur la Grande Boucle et consultant pour Europe 1, nous livre ses impressions sur les Français à suivre cette année.
Julian Alaphilippe, 29 ans, Deceuninck-Quick Step
Le natif du Cher portera de nouveau les espoirs du public français sur ses épaules. Après deux Tours de France marqués par des victoires d'étape et le port du maillot jaune à plusieurs reprises, le coureur de la formation belge Deceuninck-Quick Step va jouer les premiers rôles, sans toutefois chercher la victoire finale. "Il peut figurer au classement général dès les premiers jours parce qu'en Bretagne, il a des chances que la course tourne à son avantage", estime Richard Virenque.
"Mais au vu de sa saison et des objectifs qu'il a eu, il va plus tenter de jouer les étapes. Il peut prendre le maillot jaune dès la première semaine, mais ce n'est pas un objectif pour lui. Je pense qu'il veut au moins gagner une étape. Après s'il est placé, il va jouer le maillot jaune et il défendra. En revanche pour la fin, cela risque d'être compliqué."
Fort de son titre de champion du monde, Julian Alaphilippe a remporté sa troisième Flèche wallonne devant Primoz Roglic, un des grands favoris du Tour, en avril dernier. Désormais papa, le coureur français a fait l'impasse sur le Giro et ne concourra pas non plus pour les Jeux olympiques de Tokyo (23 juillet-8 août). Il va donc tout donner pour ce Tour sans réelle pression, en apparence.
David Gaudu, 24 ans, Groupama-FDJ
C'est un coureur que Richard Virenque veut absolument voir sur un vélo. David Gaudu (24 ans) est l'un des jeunes espoirs montant dans le cyclisme tricolore. Originaire du Finistère, le cycliste de Groupama-FDJ se sentira chez lui dès la première semaine de compétition en Bretagne, et peut nourrir des ambitions. "Il a brillé cette année", confirme Richard Virenque. Récompensé par une troisième place sur l'épreuve classique Liège-Bastogne-Liège fin avril, David Gaudu a tout ce qu'il faut pour performer. "Je l'observe, et il a passé un pallier depuis le début de l'année. Il a une place à prendre comme leader d'équipe et il est en train de se découvrir", explique l'ancien coureur international. Un nom que le public français devra retenir ces prochaines années.
Guillaume Martin, 28 ans, Cofidis
Lui a terminé comme premier français au classement général en septembre dernier (11e), lors de la dernière édition de la Grande Boucle décalée en raison du Covid-19. Le Parisien Guillaume Martin reprend le départ du plus grand événement international de cyclisme avec l'objectif de gagner une étape. "Il peut bien sûr le faire, mais je le voyais plus fringant l'année dernière. Peut-être qu'il s'est préservé cette saison pour le Tour de France", note Richard Virenque. "C'est un des coureurs qui sera au rendez-vous de toute façon. Et il faudra encore compter sur lui parce qu'il a toute l'équipe Cofidis qui va le soutenir." Dernièrement en mai, Guillaume Martin a remporté la première édition du Mercan'Tour, une épreuve beaucoup moins relevée que les grands tours.
Warren Barguil, 29 ans, Arkea-Samsic
Après le premier français l'an passé, Warren Barguil (Arkea-Samsic) est le second à avoir figuré au classement général (14e). Le coureur breton au profil de grimpeur sera également à son aise dans sa région, et peut s'illustrer sur des étapes de montagne. Pour Richard Virenque, le Français va tenter de s'imposer sur une distance, mais il doit élever son niveau. "Il faudra qu'il franchisse un pallier parce qu'aux championnats de France (17-20 juin 2021), il était devant mais il n'était pas en grande condition. Warren Barguil peut progresser dans le Tour et il essaiera de faire le maximum dans son équipe", analyse l'ancien coureur consultant pour Europe 1.
Nacer Bouhanni, 30 ans, Arkéa-Samsic
Voilà un coureur français qui va animer les arrivées au sprint. A 30 ans, Nacer Bouhanni aura à cœur de s'illustrer sur le Tour de France où il a déjà remporté trois étapes en carrière. Après une saison marquée par un incident de course avec le Britannique Jake Stewart, fin mars et pour lequel il a reçu des insultes sur les réseaux sociaux, le Vosgien espère tourner la page. Mais la concurrence sera difficile à gérer selon Richard Virenque : "Je lui souhaite de gagner une étape, ce serait une bonne chose mais les plus grands sprinteurs seront au rendez-vous."
Pinot, Bardet, Cavagna : des absents de marque
L'édition 2021 de la Grande Boucle se fera toutefois sans de grands champions français, habitués à briller ou qui ont les capacités de s'imposer. D'abord, Thibaut Pinot (31 ans, Groupama-FDJ), héros du Tour 2019, qui a déclaré forfait en raison de récurrentes blessures au dos. Il a refusé de vivre la même expérience qu'en 2020, où il avait traîné sa douleur jusqu'à l'arrivée. Un autre Français que le public sera déçu de ne pas voir sur ce Tour : Romain Bardet (30 ans, DSM). Deuxième en 2016 derrière Chris Froome et troisième en 2017, le grimpeur a préféré tout miser sur la Vuelta en août prochain. Il va également manquer à l'appel pour les JO.
Enfin, le dernier grand absent du côté du contingent tricolore n'est autre que le champion de France Rémi Cavagna (25 ans, Deceuninck-Quick Step). Le "TGV de Clermont-Ferrand" n'avait pas programmé le Tour de France dans son calendrier. Le spécialiste du contre-la-montre sort également d'un Giro épuisant, où il chuté en fin d'épreuve. Le public français devra patienter avant de rêver aux futurs exploits du Clermontois sur la Grande Boucle.