En finir avec la sinistrose. Deux mois après une humiliante défaite contre les Fidji (21-14), le XV de France débute le Tournoi des 6 nations face au pays de Galles, vendredi au Stade de France (21h). A huit mois de la Coupe du monde au Japon (20 septembre-2 novembre), le temps presse pour les Bleus, en panne de résultats et de certitudes. Face au pays de Galles, le sélectionneur tricolore a décidé de revoir sa copie, affichant sa volonté de se tourner vers plus de jeu. Mais le XV de France, descendu à la neuvième place au classement mondial, est loin de partir favori dans ce Tournoi.
Renouer avec la victoire
Huit défaites pour trois petites victoires : l’année 2018 a été catastrophique pour le XV de France. L’objectif premier pour le sélectionneur Jacques Brunel et ses hommes sera donc de renouer avec le succès dès vendredi soir. "Il faut engranger de la confiance en gagnant ce premier match, pour pouvoir ensuite montrer un meilleur visage", concède le demi de mêlée Baptiste Serin. Problème, ce XV de France ne sait plus gagner et, circonstance aggravante, a la fâcheuse habitude de se saborder en fin de match.
L’an passé, les Français ont ainsi perdu dans les tous derniers instants contre l’Irlande dans le Tournoi (13-15) et contre l’Afrique du Sud en test-match (26-29). "Il faudra être fort moralement. Le rugby est fait de petites choses qui font un succès étriqué ou une défaite de peu. C’est ce qui nous est arrivé", acquiesce Jacques Brunel, qui prie pour que le sort arrête de s’acharner sur les Bleus. "On espère surtout que là où les rebonds n’ont pas été favorables, qu’ils puissent retomber dans les mains". Sauf que face aux Gallois, il faudra réunir d’autres ingrédients que la chance. Le XV du Poireau, troisième nation mondiale, reste en effet sur neuf victoires de suite, dont deux face à l’Afrique du Sud et une face à l’Australie. Pas exactement le profil de l’équipe idéale pour se relancer…
Trouver un collectif
Si seule la victoire comptera vendredi soir, le XV de France doit d’urgence trouver un collectif. Depuis plusieurs années, les Français ont changé de cap, passant de la volonté d’un jeu offensif sous Guy Novès à un plan plus pragmatique avec Jacques Brunel, arrivé en décembre 2017. Mais comme cette équipe de France est en chantier permanent, le sélectionneur a de nouveau changé son fusil d’épaule et souhaite se tourner désormais vers l’offensive.
Face au pays de Galles, Jacques Brunel a décidé de miser sur la vitesse offrant sa première sélection au jeune et virevoltant Toulousain Romain Ntamack, fils de l’ancien international Emil. "Depuis le début de saison, il a su montrer de la constance dans ses performances quelle que soit la compétition, championnat ou Coupe d'Europe. On peut penser qu'il sera à même de franchir le dernier palier, celui du niveau international", veut croire Jacques Brunel. Le choix de lancer Ntamack au centre est d’autant plus fort que Mathieu Bastareaud, l’un des hommes de base du XV de France ces derniers mois, restera en tribunes vendredi soir. Un deuxième "bizuth" sera également sur la pelouse du Stade de France : le géant deuxième ligne Paul Wilemse, d’origine sud-africaine (2,01 m pour 135 kg), qui doit apporter sa puissance à une ligne d'avants en souffrance.
Enfin, autre changement majeur, la charnière sera 100% clermontoise avec Morgan Parra et Camille Lopez. "Cela paraît une évidence pour tous. Clermont, hormis la saison dernière, cela fait 6-7 ans qu'ils sont dans les meilleurs jusqu'à la fin. Ils ont cette charnière qui est le cœur de leur jeu, qui a une complicité au-dessus de la moyenne", estime Jacques Brunel, qui espère que leur association permettra de redonner de l’allant au XV de France.
Voici la composition de votre #XVdeFrance pour l'ouverture du tournoi des @SixNations_FR contre le Pays-de-Galles ! #NeFaisonsXV#FRAPDGpic.twitter.com/X3itWclpJO
— FF Rugby (@FFRugby) 30 janvier 2019
Préparer (déjà) la Coupe du monde
Quatrième du Tournoi l’an passé (deux victoires et trois défaites), le XV de France a pour objectif d’améliorer son bilan. Mais les Bleus devront aussi en profiter pour se préparer pour la Coupe du monde, dans huit mois au Japon. "Le Tournoi est toujours un objectif. C’est le rendez-vous depuis un siècle, il faut l’honorer. Mais ça ne présage pas de ce qui peut se passer pendant une Coupe du monde, parce que les conditions seront différentes. Mais ça donne une évaluation par rapport au niveau européen, dans lequel il y a pas mal de prétendants à la victoire finale", analyse Jacques Brunel. Le XV de France semble, pour le moment, à des années-lumière de ces prétendants, et notamment l’Irlande, vainqueur du Tournoi l’an passé en réalisant le Grand Chelem. Mais il peut s’en passer des choses, en huit mois…