Une défaite avec les honneurs ou une correction ? Tel est à peu près l’état d’esprit des suiveurs du XV de France à l’heure de se livrer au jeu des pronostics avant d’affronter l’Angleterre, pour la quatrième journée du Tournoi des Six Nations, samedi au Stade de France (17h45). Les Français, qui ont battu une faible Italie (34-17) après deux défaites contre l’Irlande et en Écosse, sont en effet loin d’être favoris de ce "crunch".
L’exploit est pourtant possible. L’Écosse a réalisé l’impensable il y a deux semaines, à Edimbourg, en terrassant leurs frères ennemis anglais après une rencontre héroïque (25-13). Pour imiter le XV du Chardon, les hommes de Jacques Brunel devront montrer à peu près tout ce qui leur manque depuis de longs mois. Autant dire que la tâche s’annonce très, très ardue.
- Profiter de chaque opportunité
Contre l’Italie, les Français ont gâché un nombre impressionnant de munitions, n’inscrivant que trois petits essais malgré de nombreuses incursions dans les 22 mètres adverses. Pour y remédier, Jacques Brunel a ainsi décidé de remplacer l’ouvreur Lionel Beauxis, décevant au stade Vélodrome, par le "revenant" François Trinh-Duc, 31 ans et qui n’avait pas encore été appelé par le sélectionneur. "Beauxis dans les zones de conclusion n'a pas toujours pris les bonnes décisions contre les Italiens", a justifié l’entraîneur tricolore, interrogé en conférence de presse.
Contre l’Angleterre, qu’ils n’ont plus battu depuis 2014 dans le Tournoi (26-24), les Français ne devront pas se tromper. Car contrairement à la rencontre contre l’Italie, ils ne disposeront pas de pléthores d’occasions pour marquer des points. "On sait que ces zones sont importantes, elle le seront encore contre les Anglais. Si jamais on se met en position de rentrer dans leurs 22 mètres, il va falloir être très efficace", a alerté Brunel. L’an passé, le XV de France avait ainsi payé son manque de réalisme à Twickenham, avec une défaite rageante en fin de rencontre (19-16) malgré une grosse performance. Un scénario à ne surtout pas répéter…
- Répondre au défi physique
Marquer, c’est bien, mais défendre, c’est encore plus important, a fortiori contre les Anglais. Même battu en Ecosse, l’Angleterre, deuxième nation mondiale, reste une redoutable machine de guerre, parfaitement huilée par leur "commandant en chef" Eddie Jones. Depuis la prise de pouvoir du sélectionneur australien en 2015, le XV de la Rose n’a perdu que deux matches (sur 26 rencontres !) et s’est transformé en une armada affûtée et impressionnante physiquement.
Les Bleus devront résister aux impacts, mais surtout au rythme d’enfer qu’est capable d’imposer cette Angleterre version Eddie Jones. "L'Ecosse a été ultra efficace mais surtout très agressive. Elle ne les a pas laissé mettre leur jeu en place", a abondé le pilier français Jefferson Poirot, interrogé en conférence de presse. Le scénario de ce "crunch" pourrait ainsi ressembler au match d’ouverture du Tournoi, contre l’Irlande, où les Français ont longtemps été héroïques avant d’être crucifiés par un drop de Jonathan Sexton à la dernière seconde. Cette fois-ci, il faudra tenir jusqu’au bout.
- Compter sur des erreurs anglaises
Pour battre les Anglais, le XV de France devra réaliser le match quasi parfait. L’écart entre les deux équipes semble cependant si fort qu’il faudra aussi compter sur des erreurs des grands rivaux. Contre l’Écosse, l’Angleterre avait manqué de discipline, avec 13 pénalités concédées dont un carton jaune, et n’avait réussi que 75% de placage.
Mais le XV de la Rose, piqué dans son orgueil par cette défaite à Edimbourg, peut-il passer à côté une deuxième fois de suite ? Difficile à croire pour Mourad Boudjellal. "Pour battre l’Angleterre, j’ai le système de jeu imparable. La prière", a déclaré le président du RC Toulon, taquin, sur Eurosport. Ce ne serait pas le premier miracle de l’histoire du XV de France.