Une sévère rechute : deux semaines après avoir relevé la tête contre l'Écosse (27-10), le XV de France a sombré dimanche à Dublin contre l'Irlande (26-14) dans le Tournoi des Six nations, après une première période aussi indigne que celle jouée il y a un mois en Angleterre (44-8).
À deux doigts de l'humiliation. Les Bleus continuent de creuser sur la route de la Coupe du monde au Japon (20 septembre-2 novembre). On pensait les avoir vus toucher le fond à Twickenham ? C'était oublier leurs "ressources" insoupçonnées, qui leur permettent d'enchaîner les contre-performances depuis deux années environ. Un mois après avoir subi leur plus lourd revers contre l'Angleterre depuis l'après deuxième guerre mondiale, ils sont passés tout proches, sans deux essais dans les dernières minutes (Yoann Huget, 77e ; Camille Chat, 80e+2), d'encaisser la plus large défaite de leur histoire contre l'Irlande (24 à 0 à Dublin en... 1913 !) L'équipe de Jacques Brunel a aussi failli repartir fanny d'un match du Tournoi pour la première fois depuis... 1990 (21 à 0 en Écosse).
Loin, très loin des meilleurs. Cela ne change pas grand chose au constat : ces Bleus, qui n'ont plus gagné sur la pelouse d'une des cinq meilleures équipes mondiales (Nouvelle-Zélande, Angleterre, Irlande, pays de Galles et Afrique du Sud) depuis... 2011, naviguent à des années-lumières des meilleures nations. Huitièmes mondiaux, ils jouent davantage dans la cour de l'Écosse et de l'Italie, où ils se rendront samedi prochain en clôture du Tournoi pour tenter de sauver quelques maigres apparences. Et surtout éviter une quatrième défaite et une troisième humiliation cette année dans le Tournoi.
Une première période catastrophique. Un mois après le Waterloo anglais, ils ont donc remis ça à Lansdowne Road, où la jeune garde tricolore, séduisante contre le XV du Chardon, passait un test de croissance. Un test qui devait dire si le XV de France, dans son ensemble, avait, selon les mots du capitaine Guilhem Guirado, "retenu la leçon" de Twickenham. La réponse est évidemment négative, après une première période encore plus affligeante que celle jouée dans le "Temple du rugby", où ils avaient au moins eu le mérite de revenir aux vestiaires à la pause avec un essai au compteur (30-8 pour le XV de la Rose). Pas dimanche, où ils étaient menés 19 à 0 sans avoir vu le jour de toute la première période, et perdu deux joueurs sur blessure (Lauret, 11e, et Poirot, 17e).
Des statistiques saisissantes. Les statistiques disent tout de la physionomie de ce premier acte, où les Bleus ont été complètement mis sous l'éteignoir du XV du Trèfle. Privés de ballon et indisciplinés, ils n'ont ainsi eu le ballon que... 5 secondes dans les 22 mètres adverses, contre plus de cinq minutes pour les Irlandais ! Lesquels ont passé la moitié de leur temps balle en main dans les 22 mètres français... Pour trois essais encaissés, par Rory Best (3e), Jonathan Sexton (30e) et Jack Conan (37e), et deux ou trois autres occasions oubliées en route par les joueurs de Joe Schmidt. Les Irlandais en ajouteront un quatrième en seconde période, par Keith Earls (50), qui a percé au milieu d'une défense tricolore aux abois.