En appelant jeudi à la démission de Sepp Blatter, candidat vendredi à sa propre réélection à la tête d'une FIFA plongée en plein scandale de corruption, Michel Platini sait qu'il a jeté un pavé dans la marre du football mondial. Le patron des instances européennes de football (UEFA) ne "souhaite pas" une sortie de l'UEFA de la FIFA mais ce scénario reste envisageable. Et si les pays européens ne disputaient pas les prochaines Coupes du monde en Russie et au Qatar ?
Ce qu'a dit Platini. Lors de sa conférence de presse, l'ancien numéro 10 des Bleus a évoqué les conséquences d'une réélection de Sepp Blatter : "Si M. Blatter est le président, nous nous réunirons à Berlin pour discuter du futur de nos relations avec la FIFA. Même David Gill (futur vice-président de la FIFA) dit qu'il ne veut pas participer à un nouveau mandat. Peut-être que d'autres ne voudront pas participer au comité exécutif. J'espère qu'il (Blatter, Ndlr) ne gagnera pas", a tancé le président de l'UEFA. Sauf grande surprise, Sepp Blatter devrait pourtant être réélu à la tête de la FIFA. Interrogé sur les conséquences de cette réélection et une éventuelle sortie de l'UEFA de la FIFA, Platini a botté en touche : "Je ne le souhaite pas. Ça va être une discussion importante".
C'est quoi l'UEFA ? L'Union des associations européennes de football (UEFA) est l'association des fédérations nationales d'Europe. On y trouve donc la FFF (fédération française), la fédération allemande ou encore la fédération espagnole, soit 54 fédérations au total. Fondée en 1954, elle est sous l'égide de la FIFA mais organise ses propres compétitions continentales : le championnat d'Europe des nations (ou Euro), la Ligue des champions, la Ligue Europa et la Supercoupe d'Europe (toutes trois entre clubs professionnels). Michel Platini en est le président depuis 2007 et tient automatiquement le statut de vice-président de la FIFA.
L'UEFA sortie de la FIFA, ça change quoi ? Le scénario est plus qu'hypothétique mais il mérite qu'on se penche dessus. Si l'UEFA se retirait de la FIFA, les conséquences seraient de taille. Tout d'abord, cela signifierait qu'aucun pays européen ne participerait à la Coupe du monde. Or l'Europe compte de grande nations du football mondial, comme l'Allemagne championne du monde, l'Espagne championne d'Europe mais aussi l'Italie, l'Angleterre ou encore la France. Le titre mondial se jouerait alors vraisemblablement entre les pays sud-américains, seuls capables de rivaliser avec l'Europe sur le plan mondial.
Même si aucun rapport financier direct n'intervient entre l'UEFA et la FIFA, les conséquences d'un divorce entre les deux instances pourraient être catastrophiques pour l'association présidée par Sepp Blatter : "sans l'UEFA, la FIFA perdrait la moitié de ses droits TV, et donc une immense majorité de ses revenus", explique un ancien haut responsable du football européen.
La FIFA va-t-elle sanctionner l'UEFA ? "Si Blatter est élu vendredi, je laisserai mon siège vide samedi", a dit le Britannique David Gill, élu par l'UEFA pour occuper l'un des postes de vice-président de la FIFA après le congrès. Samedi, un comité exécutif de la FIFA doit se réunir pour déterminer les places de qualifiés par confédérations pour les Mondiaux 2018 en Russie et 2022 au Qatar.
Et les relations entre l'UEFA et la FIFA ne devraient pas s'arranger après cette réunion : "Sepp Blatter a suffisamment d'alliés au sein de la FIFA pour avoir la majorité auprès des différentes associations et donc avoir le dernier mot sur le nombre de places attribuées", a confié à Europe 1 un ancien membre des instances européennes de football. Concrètement, le président de la FIFA pourrait sanctionner Michel Platini et l'UEFA en réduisant le nombre de nations européennes représentées lors des prochaines Coupes du monde. De quoi créer une "crise gigantesque" au sein du football mondial, ajoute ce spécialiste.