Un fiasco. Il n'y a pas beaucoup d'autres mots pour qualifier la piteuse performance des deux clubs français engagés cette saison en Ligue Europa, la "deuxième Coupe d'Europe" derrière la Ligue des champions : Rennes et Saint-Étienne, équipes pourtant installées dans la première partie du classement en Ligue 1, ont été éliminées de la compétition à l'issue de la phase de groupes, qui s'est terminée jeudi. Et pour Guy Roux, invité de l'émission Face aux auditeurs sur Europe 1*, cela constitue une "honte totale" pour le football français dans son ensemble.
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"Pendant l'automne, on a fait une Ligue Europa complètement lamentable", lâche Guy Roux, entraîneur d'Auxerre de 1961 à 2005. "Heureusement, le Paris Saint-Germain sauve la mise en faisant le plein de points et puis Lyon, magnifiquement, même affaibli, a quand même réussi à aller en huitièmes de finale de Ligue des champions." Mais derrière, constate-t-il, le bilan est très maigre. "On a ramassé trois points, avec Rennes." L'ancien coach bourguignon exagère quelque peu : à eux deux, les clubs français ont pris 8 points sur 36 possibles (deux victoires, deux nuls et huit défaites).
"Quelque chose ne va pas bien"
Derrière ces jeudis soirs bien ternes, c'est tout le football français qui montre ses faiblesses. "Ils n'y arrivent plus, même le PSG n'arrive pas à passer les huitièmes de finale, avec des investissements colossaux", poursuit Guy Roux. "La France, qui a une très bonne économie, (…) est en train de reculer en football. Il y a quelque chose qui ne va pas bien."
"Bizarrement, nos clubs payent très chers les joueurs et n'ont pas les meilleurs", interroge Guy Roux. "On devrait avoir les meilleurs après l'Angleterre parce que nos droits TV sont supérieurs à ceux de l'Allemagne, à ceux de l'Italie et peut-être pas loin de ceux de l'Espagne. On devrait être aussi bons ou meilleurs en clubs que ces pays-là." Dans les faits, ce n'est pas le cas, puisque la France est cinquième au classement UEFA derrière les quatre autres "grands" championnats.
Guy Roux miserait sur "la formation"
Analyser sur Europe 1 les mauvaises performances des clubs français en Europe est aussi l'occasion, pour l'ancien technicien bourguignon, de revenir sur un football révolu, celui des années 1990 et du début des années 2000, quand Auxerre enchaînait les soirs de gala sous les yeux de toute l'Europe. "Avant, les conditions étaient meilleures qu'aujourd'hui mais nous, on a joué cinq quarts de finale et une demi-finale de Coupe d'Europe diverses. On a fait un quart de finale de Ligue des champions, le reste en Coupe de l'UEFA ou en Coupe des Coupes", se targue-t-il.
Que ferait-il, lui, à la tête d'un club en 2019 ? "Si j'avais le pouvoir, comme je l'avais à Auxerre, je continuerais le centre de formation et j'espérerais garder les joueurs que j'ai formés", répond-il à nos auditeurs. "Moins longtemps, car il n'y a plus les bonnes lois, mais j'arriverais peut-être à persuader les parents, par un travail constant auprès d'eux. Maintenant, c'est le blé en herbe : un joueur est formidable à 19 ans, mais on l'a oublié à 24 ans."
*L'émission Face aux auditeurs avec Guy Roux sera diffusée en intégralité dimanche 29 décembre de 20 heures à 21h30.