Vendée Globe : Jean Le Cam et Eric Bellion, deux concurrents qui n’aiment pas la mode

Jean Le Cam et Eric Bellion
Jean Le Cam et Eric Bellion se sont associés pour construire leurs bateaux. © Nicolas Henry
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Axel May
À 65 ans, le vétéran des engagés, surnommé le "roi Jean", s’est associé à un autre skipper, Eric Bellion, pour construire leurs bateaux respectifs et réduire les coûts. Europe 1 est allée à leur rencontre.

Le temps et les moyens étaient limités. Alors, pour participer à son sixième Vendée Globe (un record), le skipper de "Tout commence en Finistère & Armor-Lux" a construit le même voilier qu’Eric Bellion. Jean Le Cam et le capitaine de "Stand As One" ont mis leur ego de marin de côté pour mener à bien ce projet, avec le soutien financier d’Altavia, réseau international de services marketing.

 

Même architecte (David Raison), mêmes prestataires, mêmes outillages : cette mutualisation leur a permis d’économiser un million d’euros (chaque bateau coûte cinq millions). Ils ont fait le choix aussi de pas inclure de foils, ces (très coûteux) appendices façon "moustaches de Dali" qui permettent de "voler" au-dessus des vagues. Ces foils équipent plus de la moitié de flotte de 40 concurrents. Et sur les 14 navires neufs au départ de la 10e édition du Vendée, seuls ceux de Le Cam et Bellion ont été conçus avec des "dérives droites".

Des bateaux à dérives droites

"C'est sûr qu'on n'est pas à la mode", reconnaît le sexagénaire qui porte fièrement les couleurs de son département. "On a fait un projet qui nous correspond", explique-t-il. "C’est que je dis souvent aux plus jeunes. Il faut oser et croire en soi plutôt que de suivre tout le temps l’idéologie générale qui peut de temps en temps nous pousser vers l'absurde." Eric Bellion acquiesce : "Sur un tour du monde, ce qui compte, c'est la vitesse moyenne et la fiabilité. On ne cherche pas la mode. On cherche l'efficacité."

 

Le résultat visuel, avec une carène particulièrement travaillée, est intéressant. Cela suffira-t-il à rivaliser avec les "foilers" ? Auront-ils réussi à faire mieux avec moins ? Premiers éléments de réponse, sans doute, après la descente de l’Atlantique, lorsque se présentera le Grand Sud, avec ses mers réputées les plus difficiles de la planète, ces mers où Jean Le Cam a chaviré (en 2009 au large du Cap Horn) et où il a sauvé Kevin Escoffier lors du dernier Vendée Globe (au large du Cap de Bonne Espérance).