L'INFO. Après Google, Microsoft ou encore Facebook, au tour d'un autre géant de découvrir qu'il a été espionné durant de longs mois par la NSA. On apprend aujourd'hui que c'est au tour de Huawei, spécialiste chinois des télécoms, d'être de l'agence américaine : la NSA aurait infiltré les serveurs du numéro 3 mondial de la téléphonie mobile, d'après des documents fournis par Edward Snowden et publiés samedi par le New York Times. Explications.
>> Qui est Huawei ? Cette entreprise fondée en 1988 par un ancien ingénieur de l'armée chinoise a conquis les télécoms grâce à ses équipements de réseaux à faible coût. Huawei, qui peut se traduire par "Bel ouvrage" en chinois, a lancé ses premiers smartphones en 2009. Depuis, la marque s'est hissée sur la troisième marche du podium des ventes de smartphones en 2013. Avec 4,9% de parts de marché, Huawei se positionne derrière les géants Samsung (31,3%) et Apple (15,3%).
Opération "Shotgiant". L'opération "Shotgiant" (traduisez "abattre un géant") a été initiée en 2009 afin de découvrir si oui ou non, la marque Huawei entretenait des relations directes avec l'armée chinoise. Les relations entre les Américains et Huawei sont tendues depuis 2008 et le blocage, instauré par les États-Unis, de la cession de la société 3Com au géant chinois, pour des raisons de "sécurité nationale". Outre-Atlantique, de nombreux hauts-responsables craignaient alors que l'entreprise de l'Empire du Milieu ne se serve de ses investissements sur le continent américain pour espionner le gouvernement des États-Unis. Par la suite, des partenariats, rachats ou autres projets plusieurs milliards de dollars ont été bloqués par les Américains, invoquant toujours les mêmes raisons. La NSA justifierait ainsi l'espionnage de Huawei par le fait que le spécialiste des télécoms aurait espionné le premier.
Des données "à ne plus savoir quoi en faire". Selon le New York Times, les services d'espionnage américains ont accédé aux archives des e-mails, à des documents internes de communication entre dirigeants de la marque, à des bases de clients et même à codes secrets de produits de Huawei. "Nous bénéficions actuellement de bonnes capacités d'accès et possédons tellement de données que nous ne savons plus quoi en faire", a même assuré un responsable de la NSA au quotidien allemand Der Spiegel.
Huawei s'indigne (mollement)... Le constructeur chinois a réagi dans la foulée des révélations du NYT. "Si les faits évoqués sont avérés, Huawei condamne fermement de telles pratiques qui consistent à s'introduire et à infiltrer nos réseaux internes et à surveiller nos communications", a regretté Roland Sladek, vice président de Huawei en charge de l'international. Conscient des enjeux, le groupe chinois laisse cependant la porte ouverte à une collaboration avec les États-Unis : Huawei "désapprouve toutes les actions qui menacent la sécurité des réseaux (de communication) et est prêt à travailler avec les gouvernements de tous pays, avec des investisseurs et les clients, de façon ouverte et transparente, pour relever les défis mondiaux de sécurité", a ajouté l'entreprise dans un communiqué.
...la Chine s'inquiète. Côté chinois, l'heure est à l'inquiétude : "Nous sommes sérieusement inquiets. (...) La Chine a déjà émis des protestations à de multiples reprises (sur les pratiques de la NSA). Nous appelons les Américains à s'expliquer clairement et à cesser ce genre de pratique", a déclaré Hong Lei, porte-parole du ministère des Affaires étrangères. "Nous croyons que les systèmes de télécommunication ne doivent pas servir à des fins de surveillance ou d'espionnage", a-t-il ajouté.
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