En plein débat sur la 5G, la France franchit une étape décisive dans le développement de ce nouveau réseau de données mobiles : les enchères pour l’attribution des fréquences débutent mardi, après avoir été reportées de cinq mois à cause du coronavirus. Un passage obligatoire pour les opérateurs avant de pouvoir développer concrètement le réseau et le matériel 5G dans notre pays. Malgré les réticences des opposants à cette technologie, cela marque en quelque sorte le coup d’envoi officiel de la 5G en France.
De nouvelles fréquences à attribuer
Les enchères, c’est la phase d’attribution aux opérateurs de nouvelles fréquences, celles qui serviront pour la 5G. Les opérateurs en ont absolument besoin pour proposer ce service, qui permettra d’avoir un débit dix fois plus puissant qu’aujourd’hui sur nos téléphones. C’est indispensable pour Orange, SFR, Bouygues et Free : sans ces fréquences, ils resteraient coincés avec la 4G. Or, ce réseau va saturer et d'ici à deux ans et même passer un simple coup de fil pourrait devenir compliqué.
Les opérateurs vont donc sortir le chéquier pour obtenir les meilleures fréquences car toutes ne se valent pas. La 5G sera, dans un premier temps, émise sur la bande de fréquences de 3,4 à 3,8 gigahertz (GHz). S'ils émettent au centre de cette bande ou à ses extrémités, les performances seront plus ou moins soumises aux interférences des fréquences proches. Il s'agit donc, pour chaque acteur, de se positionner le mieux possible en fonction de son budget.
Des enchères discrètes et un pactole pour l'État
En réalité, une première phase s'est déjà tenue sans faire de bruit. Il ne s'agissait pas d'enchères au sens commun du terme : l’État, qui gère l’attribution des fréquences, a proposé à chaque opérateur d'acquérir un bloc de 50 mégahertz (MHz) dans la bande de fréquences 5G au prix fixe de 350 millions d'euros. Orange, SFR, Bouygues et Free ont tous accepté ce premier contrat. La deuxième phase, qui ressemble plus à une vente aux enchères classique, met en jeu onze blocs de 10 MHz. Prix d'ouverture : 70 millions d'euros le bloc.
Au premier tour, chacun des quatre opérateurs peut demander à acquérir entre un et cinq blocs, pas plus, précise l'Arcep, l'autorité de régulation des télécoms. Soit une demande maximale éventuelle de 20 blocs pour seulement 11 disponibles. Si la demande des opérateurs est supérieure à l’offre, les fréquences sont remises en jeu dans un nouveau tour d’enchères en ajoutant cinq millions d’euros au prix. Et ainsi de suite jusqu’à ce que tout le monde soit satisfait, soit parce que les blocs deviennent trop chers pour certains, soit parce que toutes les fréquences sont vendues.
Déploiement de la 5G avant la fin de l'année
Au rythme de huit tours par jour, ces enchères devraient aller vite, une à deux semaines maximum, selon les estimations de plusieurs acteurs du dossier. L’État se frotte les mains : l’opération va lui rapporter minimum au 2,17 milliards d’euros dans l'hypothèse, très improbable, d'enchères terminées dès le premier tour. En réalité, la bataille s’annonce très serrée. Un opérateur confie à Europe 1 que le pactole pourrait bien grimper jusqu’à 3,5 milliards d'euros.
Une fois que ce processus sera bouclé, les opérateurs pourront installer les nouvelles antennes 5G, déployées sur les sites 4G. Et côté clients, cela signifie l’arrivée de premières offres 5G grand public, d'abord dans les grandes villes, vers la fin de l’année, avec forfaits et téléphones adaptés. Un timing rapide qui fait grincer des dents dans le camp des opposants puisqu'un rapport de l'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) sur les effets des fréquences de 3,5 GHz sur la santé est attendu pour 2021 seulement.