Faire de la France un fleuron de l’intelligence artificielle (IA). Après six mois de travail, le député LREM Cédric Villani a remis mercredi son rapport au gouvernement. Dans ce document de 244 pages qu'Europe 1 a pu consulter, le mathématicien présente ses propositions pour favoriser le développement de l’intelligence artificielle en France et en Europe. Il appelle notamment des ses vœux la mise en avant du travail réalisé par les chercheurs français, la création d'un label dédié pour l'intelligence artificielle française et la facilitation des échanges de données. Pour autant, le rapport ne présente aucun chiffrage des mesures mises en avant.
Rendre les données plus accessibles. Pour fonctionner, la plupart des logiciels d'intelligence artificielle se base sur d'importants volumes de données. "Les données sont généralement le point de départ de toute stratégie en IA", peut-on lire dans le rapport. Un algorithme capable de reconnaître une maladie à partir d'un radiographie aura par exemple besoin d'en avoir analysé des milliers auparavant. Mais ces données "bénéficient aujourd'hui majoritairement à une poignée de très grands acteurs", pointe le texte.
Pour rendre la constitution de ces bases de données plus simple, Cédric Villani suggère de faciliter le recours à l'open data, l'action pour les entreprises de rendre leurs données publiques. "Cela devra passer par une incitation des acteurs économiques au partage et à la mutualisation de leurs données, l'État pouvant jouer un rôle de tiers de confiance", précise-t-il. Pour rendre ces données exploitables, il est par ailleurs nécessaire qu'elles soient complétées par des annotations, sur leur contenu par exemple. Le mathématicien suggère donc de recourir à un système proche des CAPTCHA qui demandent aux utilisateurs de cliquer sur les images contenant tel ou tel objet. Grâce à cette technique, les utilisateurs complètent en effet la base de données.
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Mettre en avant le travail des chercheurs français. En filigrane, le rapport pointe également le manque de valorisation des travaux des chercheurs français. "Il faut redonner à la recherche publique les moyens de ses ambitions", indique-t-il car "la France dispose de tous les atouts pour exister pleinement sur la scène internationale", mais "souffre d'un véritable manque de visibilité". Pour y arriver, le rapport suggère la création d'un label sur l'intelligence artificielle, similaire à la French Tech pour les start-up françaises. Ce label pourrait également délivrer des "prix d'innovation de terrain" pour récompenser les solutions d'intelligence artificielle déjà testées et prêtes à être utilisées dans des conditions réelles.
Éviter la fuite des talents. Afin d'éviter la fuite des cerveaux et même si le rapport admet "qu'il est illusoire de penser rivaliser financièrement avec les offres des GAFAM", il est suggéré de doubler les salaires en début de carrière pour les chercheurs qui optent pour le public. Les instituts de recherche en intelligence artificielle devraient également pouvoir bénéficier de moyens de calcul "quasi-illimités" pour tester leurs algorithmes et leurs logiciels d'intelligence artificielle. L'offre de formation en IA devrait enfin être renforcée avec la création "d'instituts interdisciplinaires d'intelligence artificielle" répartis sur tout le territoire.
Une législation plus souple pour les expérimentations. Le document suggère également la facilitation des tests de logiciel d'intelligence artificielle grâce à la création de "zones franches de l'IA" sur lesquelles "un allègement drastique des formalités administratives du quotidien, des compléments de salaire conséquents et des aides pour l'amélioration de la qualité de vie" seraient proposés.
Se contenter sur quatre grands domaines. Pour ne pas se disperser et "éviter les logiques de saupoudrage" concernant les recherches de subventions, Cédric Villani recommande également de concentrer les efforts et les recherches sur quatre grandes thématiques : la santé, l'écologie, les transports-mobilité, ainsi que la défense et la sécurité. Une avance dans ces domaines pourrait représenter "un avantage comparatif de la France et de l’Union européenne", écrit-il. Chaque secteur serait alors organisé autour de défis. Pour la santé, il pourrait par exemple s'agir de la détection précoce des pathologies, de la disparition des déserts médicaux ou encore de la création d'une médecine plus personnalisée.