"Mais quelle est en l'utilité ?" Dans les allées du Consumer Electronic Show (CES) de Las Vegas, le grand salon de l'innovation, les visiteurs s'interrogent parfois sur l'utilité de certaines nouveautés ou technologies présentées par les plus de 4.500 exposants présents. Cette année ne fait pas exception, y compris chez les grands constructeurs de télévisions. Après Samsung, qui a présenté et commercialisé à l'automne ces premiers modèles de téléviseurs équipés d'écrans 8K (deux fois la définition de la 4K), LG et Sony ont annoncé leurs propres modèles lors du CES. Mais alors qu'aucun contenu n'est disponible pour les écrans 8K et qu'ils manquent même encore pour les écrans 4K Ultra HD, l'intérêt de tels écrans est remis en question.
De (très) beaux et (très) grands écrans
Lors de la présentation de la 4K il y a quelques années, les constructeurs annonçaient qu'elle ne serait pas utile en dessous de 55 pouces de diagonale, la définition Full HD étant suffisante pour ne pas distinguer de les pixels en dessous de cette taille. Depuis, la majorité d'entre eux ont pourtant commercialisé de la 4K sur des écrans de moins de 50 pouces. Pour la 8K, les écrans ne descendent pour le moment pas en-dessous de 65 pouces avec une même promesse, offrir la meilleure définition d'image possible et rendre impossible la distinction des pixels. Dans les faits, il est effectivement impossible de voir le moindre pixel en 8K, mais il en était déjà de même (ou presque) en 4K. On s'offre simplement l'impression d'une image encore plus nette, bien que cela soit difficile à percevoir sans le savoir.
Samsung, LG et Sony proposent donc des écrans 8K à partir de 65 pouces (à partir de 85 pouces pour Sony) en promettant la meilleure qualité d'image possible. Pour parfaire cette promesse, la plupart des modèles 8K sont également équipées de technologies d'images ou d'écrans de dernière génération comme l'OLED, qui offre un meilleur taux de contraste et des noirs plus profonds, ou le HDR qui offre une meilleure fluidité d'image.
Pas le moindre contenu
Reste un problème, quid des contenus ? La réponse est simple, il n'en existe aucun, mise à part les splendides images de démonstration des différents constructeurs. Un problème ? Pas le moins du monde d'après Samsung, Sony et LG qui mettent tous les trois en avant leur capacité à améliorer l'image de sources déjà existantes, comme les chaînes de télévision ou les contenus des plateformes de VOD, grâce à l'intelligence artificielle. En pratique, le logiciel du téléviseur retraite l'image affichée à l'écran en temps réel pour la rendre plus détaillée. Mais le système a ses limites et dépend beaucoup du type de contenus diffusés au départ.
Résultat, pour 6.000 euros et plus, les acheteurs de télévisions 8K se retrouvent avec certes de très belles images de démonstration, mais rien de réellement adapté à leur nouveau téléviseur. "Que voulez-vous, il faut bien innover et avancer, même si la production de contenus ne suit pas", glisse le responsable d'un grand constructeur de téléviseurs. Car avant de proposer des contenus 8K, les producteurs doivent déjà systématiser la diffusion d'images en 4K. Si elle s'est accélérée ces des derniers mois, notamment sous l'impulsion de Netflix et grâce à la Coupe du monde de football, elle est encore loin d'être permanente.