C’est une application qui inquiète beaucoup outre-Atlantique. Clearview s'attaque à votre vie privée en donnant accès à toutes vos photos sur Internet. Un principe qui lui a permis de se constituer une gigantesque base de données, dans laquelle un moteur de recherche par reconnaissance faciale permet ensuite d'identifier des suspects ou des témoins. Concrètement, une fois l'image téléchargée dans l'application, le logiciel analyse votre visage grâce à l'intelligence artificielle et cherche parmi les trois milliards d'images qu'il possède en stock. Il sort alors toutes les photos sur lesquelles vous apparaissez, même si elles sont publiées sur des sites ou des réseaux sociaux qui assurent protéger vos données.
"Un dispositif illégal en Europe"
Cette collecte pose problème pour Gérome Billois. "On s'approche de Big Brother, qui pourrait nous suivre à tout instant et voir tout ce que l'on fait", explique cet expert en cybersécurité au cabinet Wavestone. "Normalement les conditions d’utilisations des réseaux sociaux impliquent de ne pas accéder à ces photos et de ne pas les stocker de manières illégitimes. Là il semblerait potentiellement que cela soit le cas."
Un avis que partage Thierry Delville, ancien délégué interministériel aux industries de sécurité et à la lutte contre les cybermenaces. Il reproche à cette technologie "d'aspirer les visages" sans demander l'autorisation pour les mettre sur cette base de données. "Ce dispositif est illégal au sens des textes qui prévalent en Europe. La reconnaissance faciale fait même l'objet d'un débat actuellement au sein de la Commission européenne où elle pourrait être interdite", précise-t-il sur Europe 1.
Pour le moment, Clearview n'est pas utilisée sur le Vieux Continent. Mais le succès qu'elle rencontre de l'autre côté de l'Atlantique pourrait bien changer la donne. Les créateurs de l’application revendiquent un taux de réussite de 75%, et de nombreuses polices l'utilisent déjà à travers le monde, à commencer par la police américaine, à en croire le New York Times.