"Un superbe iPod tactile, un téléphone portable révolutionnaire et un formidable appareil permettant d’aller sur Internet. Ce ne sont pas trois appareils, mais un seul. Aujourd'hui, Apple va réinventer le téléphone." Il y a tout juste dix ans, le 9 janvier 2007, Steve Jobs, cofondateur et P.D.G. d’Apple présentait par ces mots lors d’un keynote - et sous les applaudissements nourris - l’iPhone. Avec le recul, difficile de ne pas reconnaître que le jour était historique. Car, plus qu’un simple téléphone, Apple a défini à lui seul le marché du smartphone telle que nous le connaissons encore aujourd’hui.
En ce début janvier 2007, les rumeurs annonçaient déjà depuis longtemps l’intention d’Apple de se lancer dans la téléphonie mobile, mais les plans précis de la firme de Cupertino étaient restés secrets. Pour comprendre la rupture, il est nécessaire de se remémorer le paysage du marché de la téléphonie à l'époque. Le finlandais Nokia est alors leader incontesté et le canadien BlackBerry jouit d’un quasi-monopole dans les entreprises où ses minuscules claviers AZERTY et sa sécurité sont très appréciés.
Une rupture technologique…
Sur le marché, la tendance est aux mobiles embarquant un clavier complet en dessous de leur écran et une molette pour naviguer entre les applications. Le stylet est aussi monnaie courante pour utiliser des écrans qui ne sont pas encore véritablement tactiles. Et alors que personne ne s’en plaint plus que cela, Apple fait le pari radical de tout casser. Steve Jobs s’en amuse d’ailleurs sur scène en se payant le luxe d’une comparaison avec les appareils de ses concurrents. Faisant défiler devant des journalistes venus du monde entier les images du Moto Q, du Nokia E62 et du BlackBerry, mais aussi du Palm Treo qui intègrent tous les attributs de l’époque, le P.D.G. de la marque à la pomme explique n’être satisfait d’aucun.
"Un stylet ? Yuuuurrrrk, qui veut d’un stylet ? Personne ne veut d’un stylet", lance-t-il sur scène avant d’annoncer que le doigt de l’utilisateur servira à interagir avec l’iPhone. C’est bien là la principale révolution de l’époque. Apple est le premier à présenter un mobile entièrement tactile, sans clavier, et doté d’un seul et unique bouton permettant à chaque instant de revenir à l’écran d’accueil. Le logiciel intégré, à l’époque baptisé OS X (désormais iOS), et qui accompagne cet écran tactile, est aussi une petite révolution. Bien que l’App Store n’y soit pas encore présent (il faudra attendre juillet 2008), on peut déjà voir sur l’écran principal des icônes carrées correspondant à chaque application. À l’époque, l’iPhone intègre un calendrier, une application de messagerie, un mail…, et bien sûr un téléphone.
… et un changement dans nos vies
Aujourd’hui, force est de constater que ces innovations sont omniprésentes dans nos vies. Le smartphone a pris une place centrale (trop centrale, diront certains). Il est partout, tout le temps. Pour envoyer un message, passer un coup de téléphone, lire ses mails, mais aussi prendre une photo, tweeter ou faire une recherche sur n’importe quel sujet. L’iPhone a aussi tué le marché des PDA, mis à mal celui des appareils photos et des téléphones fixes. À l’inverse, il a fait exploser celui des contenus en ligne. Car les smartphones ont aussi eu un impact sur la façon dont nous consommons la culture. La musique, le cinéma ou l’industrie du livre y ont trouvé leurs places.
Les médias, eux aussi, ont fait leur révolution mobile, parfois à marche forcée. La grande majorité des sites Internet sont désormais adaptés aux écrans de nos mobiles. Les notifications, elles, sont devenues un mode d’information à part entière.
Le marché des applications créé en 2008 avec le lancement de l’App Store participe également de ces changements. C’est désormais un marché monstrueux. Rien qu'en 2016, l'App Store a permis de reverser 20 milliards de dollars (19 milliards d'euros) aux développeurs, selon Apple. À lui seul, l’App Store compte plus de deux millions d'applications. De nombreux services ou applications n’auraient pas existé ou connu le même succès sans lui.
L’essor des réseaux sociaux est aussi en grande partie dû au mobile. Snapchat n’aurait pas de raison d’être sans eux. Twitter serait moins instantané. Les services de streaming musicaux, Spotify et Apple Music en tête, seraient moins séduisants si on ne pouvait les transporter partout avec soi.
Dix ans plus tard, les mêmes bases…
Dix ans plus tard, tous les smartphones que nous connaissons embarquent encore le fameux écran tactile présenté par Steve Jobs. Son évolution reste d’ailleurs limitée. Certes, les définitions des écrans se sont (très) largement améliorées, les dalles sont plus lumineuses et les couleurs mieux contrastées, mais le principe reste le même. Les claviers physiques ont totalement disparu. Les gestes nés avec l'écran tactile de l'iPhone sont eux devenus des réflexes. Comment se passer aujourd'hui du "pinch to zoom" (écartez pour zoomer) ou du "slide to unlock" (glissez pour déverrouiller) ?
Le bouton d’accueil présent sur le smartphone à la pomme a fait des émules. On le retrouve encore, dans une forme différente certes, mais avec la même fonction, sur tous les smartphones de Samsung. Sur ceux des autres, il est intégré dans l’écran du mobile, mais son rôle ne change pas.
Enfin, que dire du logiciel embarqué. Difficile de ne pas voir des ressemblances entre les premiers principes de ce qui s’appelait OS X (désormais iOS) avec les autres systèmes d’exploitation du marché. Et iOS, bien qu’il soit mis à jour chaque année et que son apparence ait changée du tout au tout en dix ans, il garde les mêmes points clés : des icônes représentant chaque application sur un écran d’accueil.
… pour un marché florissant
Sur le plan économique, l’iPhone a ouvert la voie à un marché monstrueux. Pour Apple, mais pas uniquement. Pionnière, la marque à la pomme a fêté le 28 juillet la vente de son milliardième iPhone. Et le smartphone représente aujourd’hui près des deux tiers du chiffre d’affaire de l’entreprise. Mais le marché est bien plus important encore. D’après l'institut Gartner, 1,8 milliard de smartphones ont trouvé preneurs en 2016...