De la 5G pour quoi faire ? Alors que l'arrivée de la prochaine génération de réseau mobile qui succèdera à la 4G dans quelques années se prépare, le Japon a déjà commencé à tester les premiers usages. Le pays veut être prêt dès le premier semestre 2020, avant les Jeux olympiques d'été qui seront organisés à Tokyo. Europe 1 est allé à la rencontre des opérateurs et du régulateur des télécoms au Pays sur Soleil Levant pour mieux comprendre les usages imaginés pour cette nouvelle génération de réseau. La plupart d'entre eux pourraient arriver en France dans le cadre d'expérimentations menées par les opérateurs dans les grandes villes du pays puis, d'ici deux ans, pour le grand public.
Pas tant pour une connexion plus rapide
Jusqu'à présent, toutes les nouvelles technologies de réseau ont offert une connexion plus rapide aux utilisateurs. La passage de la 3G à la 4G a permis de créer de nouveaux usages, notamment avec l'arrivée du visionnage de vidéos et de films sur smartphone. Aujourd'hui, le débit de connexion d'un smartphone connecté en 4G dépasse presque toujours celui des connexions ADSL installées au domicile de la majorité des Français. Avec la 5G, le contexte est différent et l'objectif de cette technologie a été totalement repensé. Et ce depuis longtemps. "Lorsque l’on est arrivé à la 4G, on a commencé à se demander ce qu'il en serait lorsque beaucoup plus de machines auraient besoin de se connecter au réseau. Comment fonctionnera-t-on lorsque les voitures, les robots, les avions ou les drones seront connectés ? Pour que ce soit possible, il fallait que l’on prépare le réseau. C’est ce que l’on fait avec la 5G", expliquait déjà Aïcha Evans, directrice de la stratégie d'Intel, à Europe 1 en 2016.
Aujourd'hui, cette prédiction se confirme. "La 5G ne sera pas tant pour avoir une connexion plus rapide sur son smartphone que pour créer de nouveaux usages. Elle doit permettre d'éviter la saturation du réseau 4G qui est de plus en plus utilisé", explique un porte-parole de Bouygues Telecom. Le régulateur japonais des télécoms abonde dans ce sens : "ici, au carrefour de Shibuya (le plus fréquenté de Tokyo), le réseau est totalement saturé. La 5G doit nous permettre de régler cela", indique-t-il. La 5G permettra en effet une meilleure stabilité de la vitesse de connexion et une plus grande fiabilité.
Connecter de nouveaux objets
Avec la 5G, il sera possible de connecter de nouveaux objets pour les commander à distance, et pas seulement des petits appareils. Au Japon, le premier opérateur du pays, NTT Docomo, expérimente actuellement la commande d'engins de chantier à distance pour faire face au manque de conducteurs dans le pays. L'idée est simple : le conducteur de chantier dirige le bulldozer depuis une pièce de contrôle.
Les images filmées par la caméra présente sur le dessus de la cabine de la machine lui arrivent en temps réel grâce à la 5G, ce qui serait impossible avec la 4G où l'image pourrait être dégradée et saccadée. Il peut ensuite commander le bras articulé et les déplacements du bulldozer grâce aux commandes placées devant lui. Les mouvements s'effectuent instantanément grâce au faible taux de latence. Ce dernier, qui représente le temps écoulé entre le moment où une action est demandée par l'utilisateur et le moment où elle est transmise et effectuée, a été réduit à 2 millisecondes avec la 5G, en dessous de la perception humaine. A plus petite échelle, Bouygues Telecom a testé à Bordeaux des voitures radio-commandées à distance.
Le Japon manque de conducteurs de bulldozers ? Pas de soucis, grâce à la #5G on pourra bientôt les piloter à distance sans délai ! pic.twitter.com/4F046ttMuv
— Grégoire Martinez (@Gregoire_fr) 1 octobre 2018
La commande à distance ne se limite pas aux engins de chantier. Elle fonctionne également avec la télémédecine. Un chirurgien présent à distance pourrait recevoir les images du patient présent au bloc opératoire en ultra-haute définition puis commander un robot qui effectuerait l'opération à sa place. Une solution qui permettrait de réaliser des opérations complexes sans attendre l'arrivée du chirurgien localisé dans une autre région. Les voitures autonomes, elles aussi, utiliseront la 5G pour transmettre les informations qu'elles récoltent grâce à leurs capteurs en temps réel, grâce au faible temps de latence et à la vitesse de la connexion.
Vers des prix similaires à la 4G
Officiellement, aucun opérateur ne communique de tarifs pour la 5G. Une piste semble cependant se dessiner : les tarifs n'augmenteront pas. "Aucun opérateur ne nous a indiqué qu'il prévoyait d'augmenter ses tarifs pour la 5G", indique le régulateur japonais à Europe 1, et ce alors même que l'État leur met la pression pour qu'ils baissent leurs tarifs, nettement plus élevés qu'en Europe. Et en France ? Les opérateurs seraient ravis de pouvoir augmenter légèrement leurs tarifs avec l'arrivée de la 5G afin de gagner plus de marge de manoeuvre, mais l'option semble peu probable. "Les tarifs devraient être les mêmes que pour les forfaits actuels", explique un bon connaisseur du secteur à Europe 1.
Pour ce qui est du calendrier, l'arrivée de la 5G en France devrait se faire en deux temps. D'abord, en 2020, avec une 5G plus fiable et qui permettra de délester le réseau 4G actuellement utilisé. "A ce moment-là, tous les standards techniques n'auront pas encore été fixés et la baisse du temps de latence ne sera donc pas encore visible", précise Bouygues Telecom. Une deuxième vague, vraisemblablement pour 2021, arriverait donc ensuite.