12.000 licenciements chez Google, 18.000 du côté d'Amazon, plus de 20.000 pour Meta, maison-mère de Facebook et Instagram... Depuis plusieurs mois, les effectifs des géants américains de la tech subissent des coupes drastiques, motivées la plupart du temps par des raisons budgétaires. Et la tendance semble s'accélérer depuis le début de l'année 2023. En janvier, Microsoft a annoncé à son tour la suppression de 10.000 postes partout dans le monde et Elon Musk, nouveau dirigeant de Twitter, a poursuivi le grand ménage au sein du réseau social qui a déjà perdu plus de 70% de ses employés. Comment expliquer un tel chambardement ?
Un défaut d'anticipation
Invitée de La France bouge sur Europe 1 mercredi, Corine de Bilbao, présidente de Microsoft France, livre une première explication. "Toutes les entreprises de la tech ont recruté massivement au moment du Covid-19. Quand je dis massivement, c'est de l'ordre de dizaines de milliers de personnes, notamment pour déployer des solutions pour le travail hybride. On a répondu à un moment donné à une très forte demande de tech et puis aujourd'hui, le contexte est beaucoup plus incertain", remarque-t-elle. Un scénario que le secteur n'avait pas nécessairement anticipé, selon la dirigeante. "On a créé des capacités énormes. Et puis on a tous espéré qu'à la fin du travail hybride, tout allait redémarrer comme avant et qu'on récupérerait toute la croissance".
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Or divers chocs extérieurs sont venus brusquement modifier la conjoncture économique. "La récession est arrivée. Il y a eu une augmentation des prix de l'énergie en Europe, la guerre en Ukraine et puis une récession dans tous les pays du monde", rappelle Corine de Bilbao qui promet toutefois de ne procéder qu'à des "plans de départ volontaire" dans l'Hexagone. Un contexte délicat qui a donc conduit les GAFAM à procéder à des "ajustements d'effectif". En clair, les besoins d'hier ne sont plus ceux d'aujourd'hui.
Envoyer un message aux marchés financiers
Des explications que Jérôme Marin, journaliste spécialisé dans l'actualité de la tech, qualifie de "version officielle" des entreprises concernées. Sans les réfuter, il met également en avant d'autres facteurs permettant de décrypter le phénomène. "Pour moi, s'ils font ça, ce n'est pas parce qu'ils sont sur le point de mettre la clé sous la porte. Ils ne sont pas dans des situations économiques catastrophiques mais l'idée est de rassurer les marchés car depuis un an et demi, les actions ont beaucoup chuté et ne sont pas remontées", développe-t-il.
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La guerre en Ukraine et l'inflation qui en a découlé, frôlant la barre des 10% outre-Atlantique, a poussé la banque centrale américaine à augmenter considérablement les taux d'intérêts. De quoi contracter le pouvoir d'achat des ménages et entraîner ainsi une baisse de la consommation. "Du coup, les placements dans des actions sont devenus moins intéressants", indique Jérôme Marin dans la mesure où leur valeur tendait alors à dégringoler. "Licencier du personnel dans ces entreprises est donc un signal envoyé aux marchés qui attendaient des mesures d'économies au sein de ces boîtes. Ça leur permet de dire 'On a compris et on fait des efforts financiers'".
"Supprimer le gras"
Les géants de la tech ont donc dû abandonner de nombreux projets tout en procédant à une rationalisation de l'effectif. "Mark Zuckerberg dit vouloir 'supprimer le gras' car au sein de Meta il y avait des managers, puis ensuite un 'sous-mangers', encore quelqu'un en-dessous et enfin les salariés. Il souhaite donc passer directement des managers aux salariés. Il est vrai que parfois, ces entreprises embauchaient beaucoup trop", estime Jérôme Marin.
Mais contrairement à ce que l'on observe du côté de Twitter, ces licenciements ne devraient pas porter préjudice à la sécurité et à la modération des contenus sur les plateformes concernées. "Twitter, c'est un cas à part. Ils étaient 7.500 au départ et ils ne sont plus que 2.000 aujourd'hui. Chez les autres, c'est assez limité en termes de pourcentage de salariés virés". Reste qu'en 2022, ce sont tout de même 150.000 employés qui se sont retrouvés sur le carreau du jour au lendemain. Néanmoins, selon une étude menée par ZipRecruiter, 79% d'entre eux ont mis moins de trois mois à retrouver un poste.