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Implants connectés dans le cerveau : tout comprendre au projet Neuralink d'Elon Musk

Laura Laplaud avec AFP . 4 min
Elon Musk a estimé mercredi que d'ici six mois sa start-up Neuralink serait en mesure d'implanter son premier appareil connecté dans le cerveau d'un humain.
Elon Musk a estimé mercredi que d'ici six mois sa start-up Neuralink serait en mesure d'implanter son premier appareil connecté dans le cerveau d'un humain. © NEURALINK / AFP

Elon Musk a estimé mercredi que d'ici à six mois sa start-up Neuralink serait en mesure d'implanter son premier appareil connecté dans le cerveau d'un humain, pour communiquer avec les ordinateurs directement par la pensée. Une nouvelle technologie qui pose évidemment des questions éthiques et politiques.

Une petite puce pour des "questions abyssales". Elon Musk a estimé mercredi que d'ici à six mois sa start-up Neuralink serait en mesure d'implanter son premier appareil connecté dans le cerveau d'un humain, pour communiquer avec les ordinateurs directement par la pensée. "Nous voulons évidemment être très prudents et être sûrs que ça marchera bien, mais nous avons remis tous nos documents à la FDA (l'agence en charge de la santé publique aux États-Unis, ndlr) et nous pensons que d'ici à six mois nous serons capables d'avoir notre premier implant dans un humain", a indiqué le patron de Tesla, SpaceX (navettes spatiales) et d'autres start-up lors d'une présentation des progrès de Neuralink.

"Nous sommes désormais confiants que l'appareil de Neuralink est prêt pour les humains, donc le calendrier dépend du processus d'approbation de la FDA", a-t-il ensuite précisé sur Twitter, le réseau social qu'il a racheté il y a un mois . Le milliardaire est un habitué des prédictions hasardeuses, notamment au sujet de l'autonomie des voitures électriques Tesla.

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Quel est l'objectif d'Elon Musk ?

"Son objectif à moyen terme est de développer des puces électroniques implantées dans nos cerveaux de manière à augmenter notre capacité intellectuelle et notre mémoire pour nous permettre de lutter, d’être compétitif face à l’intelligence artificielle", note Laurent Alexandre , essayiste, spécialiste high-tech, auteur de nombreux ouvrages dont La guerre des intelligences

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Elon Musk "veut bien nous rendre plus intelligent" indique Laurent Alexandre rappelant les propos tenus par le milliardaire en 2019. "Il a dit qu’avec Neuralink, on allait fusionner l’intelligence artificielle et l’homme. L’intelligence artificielle serait donc directement disponible à l’intérieur même de notre cerveau grâce aux implants Neuralink", explique-t-il au micro d'Europe 1.

Comment ça marche ?

Elon Musk envisage son projet en deux phases. Une phase permettrait de redonner de la mobilité aux personnes paralysées, de "traiter des maladies comme Alzheimer ou des maladies neurodégénératives". L'autre phase prévoit "de faire émerger des cyborgs", assure l'essayiste. En juillet 2019, Elon Musk avait estimé que Neuralink pourrait réaliser ses premiers tests sur des individus en 2020. Mais pour l'instant, les prototypes, de la taille d'une pièce de monnaie d'environ un centimètre de large, ont été implantés dans le crâne d'animaux. Plusieurs singes sont ainsi capables de "jouer" à des jeux vidéo ou de "taper" des mots sur un écran, simplement en suivant des yeux le mouvement du curseur à l'écran.

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Pourquoi le projet est-il controversé ?

Au-delà des polémiques sur le bien-être animal, cette nouvelle technologie en cours de développement pose des questions évidemment éthiques et politiques. Quel impact aura l'implant sur le cerveau ? "Si Neuralink traite des pathologies, il est clair que tous les pays accepteront", assure Laurent Alexandre mais faut-il accepter de mettre des implants intracérébraux dans nos cerveaux ? "Imaginons un instant que la technologie d'Elon Musk marche en 2030 ou en 2040, on voit bien qu'il serait injuste de ne pas utiliser cette technologie-là pour égaliser nos performances cognitives", avoue-t-il.

"On voit bien qu'il y a des gens plus ou moins intelligents, plus ou moins rapides, si cette technologie marchait, il serait injuste de ne pas l'utiliser pour égaliser les chances, pour permettre aux gens qui n'ont pas beaucoup de mémoire par exemple d'en avoir davantage. Bien sûr, ça poserait le problème de qui on implante ? On peut imaginer un système où la Sécurité sociale rembourserait les implants Neuralink aux enfants les moins doués, qui ont de mauvais résultats à l'école...", suggère-t-il avant d'ajouter que ce scénario serait "inégalitaire".

"Ce sont plutôt les enfants les plus doués qui bénéficieraient de ce genre de technologies, ce qui augmenterait encore les écarts entre les gamins les plus rapides et ceux les moins doués, ce qui poserait des problèmes politiques extrêmement graves", souligne le spécialiste high-tech au micro d'Europe 1. Ces questions restent encore sans réponse mais Laurent Alexandre l'assure, "nous ne sommes qu'au tout début des questions philosophiques et politiques abyssales qui vont se poser à nous avec toutes ces technologiques agissant sur le cerveau".

Autre invention, un robot-chirurgien

Mercredi, Elon Musk et les ingénieurs de Neuralink ont aussi fait le point sur les dernières avancées de la start-up dans la mise au point du robot-chirurgien et le développement d'autres implants, à installer dans la moelle épinière ou les yeux, pour rendre la mobilité ou la vision. Au-delà du potentiel pour traiter les maladies neurologiques, l'objectif ultime d'Elon Musk est de s'assurer que les humains ne soient pas dépassés intellectuellement par les systèmes d'intelligence artificielle. D'autres entreprises travaillent sur le contrôle des ordinateurs par la pensée, comme Synchron, qui a annoncé en juillet avoir implanté la première interface cerveau-machine aux États-Unis.

Ces derniers mois, Elon Musk a exhorté ses employés à travailler plus vite . "Nous serons tous morts avant que quoi que ce soit d'utile ne se produise", a-t-il dit à l'équipe de Neuralink lors d'une réunion, d'après l'agence Bloomberg. Il a récemment licencié plus de la moitié du personnel de Twitter, ainsi que des cadres du réseau social qui avaient exprimé des opinions contraires aux siennes en public, et demandé aux salariés restants de s'engager à travailler de façon "extrêmement intense". La conférence annuelle de Neuralink est censée servir à susciter des vocations pour recruter différents spécialistes.

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