Dévoilé en 2001, iTunes permettait de lire chansons, films, séries et podcasts. 2:01
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avec AFP , modifié à
La disparition du célèbre logiciel multimédia d'Apple au profit de trois applications, Apple Music, Apple Podcasts et Apple TV, acte une nouvelle étape dans la mue du géant américain vers toujours plus de services. 

Fin d'une époque : Apple a acté lundi la fin logique de son célèbre iTunes, son logiciel multimédia rendu superflu par ses autres applications de musique ou de vidéo axées sur le streaming, comme Music et TV. Le groupe américain a aussi annoncé de nouvelles fonctionnalités censées mieux protéger les données personnelles de ses clients.

Trois applications au lieu d'une

"L'avenir d'iTunes n'est pas une 'app'" mais trois": Apple Music, Apple Podcasts et Apple TV, a dit lundi Craig Federighi, responsable "logiciels" du groupe lors de la conférence annuelle des développeurs Apple à San Jose, en Californie. Le logiciel, pré-installé dans ses ordinateurs Mac mais aussi téléchargeable dans un PC, "est remplacé par trois nouvelles applis qui simplifient beaucoup et améliorent la façon dont les usagers Mac découvrent et profitent de leur musique, films, séries et podcasts préférés", a explicité la firme dans un communiqué.

Cette fin était prévisible : iTunes ne subsistait guère plus que sur les Mac car les iPhone ou iPad disposaient déjà des applications Music, Podcasts et TV. Peu de détails sont été dévoilés sur le fonctionnement de ces trois applications, si ce n'est que l'iTunes Music Store resterait disponible sur Mac. Quant à Podcasts et TV, elles ont déjà pris forme depuis plusieurs années et ne bénéficient que d’un coup de pinceau. Les clients auront en outre toujours la possibilité de synchroniser (mises à jour, restauration, etc.) leurs appareils mobiles Apple via les applications qui remplacent iTunes, ou directement dans le Finder, comme une clé USB.

Un modèle innovant devenu obsolète

Pourtant, Apple doit beaucoup à iTunes. Quand la marque à la pomme lance sa bibliothèque musicale en 2001, elle n’est pas au mieux. Apple vient de connaître un trou noir d’une décennie. Le retour de Steve Jobs en 1997, et la sortie réussie de l’iMac, en 1998, ont posé les bases d’un fragile renouveau. C’est dans ce contexte qu’Apple développe une nouvelle suite logicielle pour l’iMac, avec entre autres iMovie, iPhoto et donc iTunes. Ce dernier est initialement conçu comme un simple lecteur de musique. Les utilisateurs peuvent y ajouter leurs morceaux à partir de fichiers ou d’un CD et les lire sur leur ordinateur, notamment en créant des playlists.

iTunes 2

iTunes va immédiatement trouver son intérêt grâce à un petit objet révolutionnaire : l’iPod. Le premier modèle est commercialisé en octobre 2001, le début d’une véritable saga technologique, avec près de 300 millions d’unités vendues en une décennie. iTunes sert alors d’interface commune : il permet de transférer sa musique sur son iPod, morceau par morceau si besoin est, ainsi que ses playlists. Facile à utiliser, bien plus moderne que ses concurrents, dans les années 2000, iTunes se rapidement rend indispensable pour tous les fans de musique.

Au fil des ans, iTunes a été enrichi de multiples fonctionnalités, la transformant en véritable plateforme multimédia : clips vidéo, films, boutique en ligne, applications jusqu’à la création de l’App Store et la synchronisation d’appareils externes (iPod, iPhone, iPad). Parmi toutes ces nouveautés, l’iTunes Store a grandement contribué à bouleverser de nouveau notre façon de consommer de la musique. C’est dans la boutique en ligne d’Apple qu’est né l’achat de chansons à l’unité pour 99 centimes d’euros. Un mode de consommation innovant à l'époque mais rendu en partie obsolète aujourd'hui par le triomphe du streaming sur abonnement.

Une nouvelle stratégie de services

Au moment où les ventes d'iPhone patinent, Apple a ainsi confirmé lundi sa volonté de miser sur les services, dont les applications - notamment de streaming - sont une pierre angulaire. Apple a annoncé récemment le lifting complet d'Apple TV, qui proposera d'ici quelques mois un abonnement à de la vidéo en streaming, avec des contenus originaux, en plus des achats et locations à la pièce. 

Bien décidé à tout miser sur les "apps", Apple a aussi annoncé l'arrivée de sa boutique en ligne App Store dans sa montre connectée Apple Watch et dans ses ordinateurs Mac qui vont ainsi disposer d'applications sur mesure. L'App Store fait l'objet de moult critiques, Apple étant accusé de pratiques anti-concurrentielles, en raison du montant des redevances exigées sur les transactions via les applications ou parce que les usagers Apple ne peuvent télécharger des "apps" que via l'App Store. Selon des informations de presse lundi, le ministère américain de la Justice pourrait d'ailleurs se pencher sur le dossier.

 

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Le groupe a aussi annoncé la dernière version de son système d'exploitation mobile - iOS13 - offrant notamment de nouvelles fonctionnalités destinées à préserver la vie privée des usagers. "Nous pensons que la (protection de la) vie privée est un droit humain fondamental", a assuré Craig Federighi. Apple a donc prévu "encore davantage de protections", comme un système permettant de se connecter via son identifiant Apple à des "apps" sans utiliser la fonction "se connecter avec Facebook" ou Google et ainsi éviter le partage d'informations. Pour les applications exigeant une adresse email pour accéder à leurs services, Apple créera par exemple un email anonyme à fournir à la place. Apple limitera aussi le traçage de sa géolocalisation par des applications externes.