Le monde des jeux vidéo est décidément plein de surprises. Concurrents directs depuis deux décennies sur le marché des consoles, Sony et Microsoft sont désormais… alliés ! Les deux géants vont entamer une coopération afin "d'étudier des développements conjoints pour accompagner leurs services de jeux et contenus en streaming". Cette alliance, qui repose sur l'utilisation par Sony des serveurs de Microsoft, doit permettre aux deux fabricants de préparer l'arrivée du cloud gaming.
Une "guéguerre" qui appartient au passé
Toute personne qui a un peu joué aux jeux vidéo dans les années 2000 connaît la "guerre des consoles". Les adeptes du jeu vidéo sont divisés en deux catégories : les joueurs sur PC et les joueurs sur console. Au sein de cette deuxième section, on distingue généralement Nintendo, qui s'adresse à un public jeune, de Sony et Microsoft, les références en termes d'expérience de jeu. Depuis deux décennies, les deux se tirent la bourre avec la Playstation et la Xbox, différenciées principalement par leurs jeux exclusifs et leurs services en ligne. Chaque joueur doit choisir son camp et cela peut engendrer d’interminables débats entre amis. C'est cette fameuse "guerre des consoles".
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Jusqu'ici, cette "guéguerre" était le fond de commerce de Sony et Microsoft, qui n’hésitaient pas à l'alimenter à coup de petites piques lancées lors de leurs conférences. Mais tout cela pourrait bientôt prendre fin avec cet accord, le pragmatisme l'ayant finalement emporté. Les deux acteurs historiques du marché des consoles sont en effet confrontés à une nouvelle concurrence : Google et Apple se sont dernièrement montrés très ambitieux en matière de cloud gaming.
Préparer ensemble l'arrivée du cloud gaming
Le cloud gaming, c’est la prochaine révolution du jeu vidéo. L'idée du jeu en streaming s'appuie sur une puissante infrastructure de milliers de serveurs informatiques (le "cloud"), afin de permettre de jouer partout, à tout moment, à n'importe quel jeu, sans avoir ni à l'acheter physiquement, ni à le télécharger : il suffira, en théorie, d'être connecté avec un appareil compatible, mais à condition, et ce n'est pas garanti, d'avoir un débit élevé et régulier. C'est l'équivalent de Netflix pour le cinéma ou de Spotify dans la musique.
Pour rester dans la course, Sony et Microsoft ont besoin l'un de l'autre, de partager leur savoir-faire et leurs technologies. C'est Sony qui a le plus à gagner de ce partenariat. Le géant japonais est le moins avancé dans le développement du cloud gaming, la faute notamment à ses serveurs, trop limités. En s'appuyant sur ceux de Microsoft (la plateforme Azure), Sony va pouvoir passer un cap et donner un coup de boost à son service de jeux en streaming Playstation Now.
Quant à Microsoft, qui est déjà un des leaders mondiaux du cloud (pour tous les usages, y compris le jeu vidéo), il va pouvoir asseoir un peu plus sa position. Le montant du partenariat conclu avec Sony n'a pas été dévoilé mais il s'agit d'un contrat juteux. Microsoft porte ainsi un sacré coup à ses concurrents du secteur, Google et Amazon. Et l'enjeu est de taille : rien qu'en 2018, les services liés au cloud ont rapporté 110 milliards de dollars (98 milliards d'euros) à Microsoft ! C'est, de très loin, l'activité la plus lucrative du groupe.
Et les joueurs dans tout ça ?
Pour les joueurs de Xbox, l'accord conclu entre Sony et Microsoft ne change rien. Ce sont les joueurs de Playstation qui sont les gagnants, en tout cas ceux qui jouent en ligne. Sony va en effet utiliser les serveurs de Microsoft, plus puissants et plus fiables que les siens, pour améliorer son expérience utilisateur : les téléchargements depuis le Playstation Store seront plus rapides et les parties en ligne plus fluides et moins susceptibles d’être interrompues.
Par contre, au risque d’en décevoir certains, il n’est pour l’instant pas question d’un partenariat en termes de jeux ou de consoles. L’accord signé par Sony et Microsoft précise bien que chacun continuera de développer ses propres exclusivités de son côté.
Mais rien n’est définitif. Il y a dix ans, envisager un tel rapprochement entre les deux rivaux aurait été impensable. Désormais, Microsoft fait preuve d’ouverture. Confronté aux ventes décevantes de la Xbox, le mastodonte américain a déjà récemment signé un partenariat avec Nintendo pour proposer ses jeux sur la Switch. D’après jeuxvideo.com, Microsoft aurait également proposé une option similaire à Sony, qui a rejeté l’idée. Mais jusqu’à quand ?