Le tribunal de commerce de Paris a condamné l'application nutritionnelle Yuka pour "pratique commerciale déloyale et trompeuse" et pour "des actes de dénigrement au préjudice" de la Fédération des Entreprises Françaises de Charcuterie Traiteur (FICT), dans une décision consultée vendredi par l'AFP.
Sur cette application très populaire, chaque consommateur ayant "scanné" le code-barres d'un saucisson ou d'un jambon se voit immédiatement invité à signer dans la foulée une pétition demandant le retrait de nitrites et nitrates des aliments. C'est l'établissement d'un lien direct entre des informations nutritionnelles et une démarche militante qui est apparu insupportable à la FICT, l'amenant à saisir la justice.
Dans sa décision, le tribunal de commerce "interdit à Yuca d'opérer un lien direct entre, d'une part la pétition 'Interdiction des nitrites' ou tout appel à interdire l'ajout de nitrites ou de nitrates dans les produits de charcuterie, d'autre part les fiches de l'application Yuka relatives aux produits de charcuterie".
Yuka va faire appel
Yuka a exprimé vendredi "son incompréhension" après la décision du tribunal et a décidé de faire appel. L'application "a toute confiance en la Cour d'appel de Paris devant laquelle le débat pour la santé et l'information des consommateurs se poursuivra", écrit-elle dans un communiqué.
Avec l'association de consommateurs Foodwatch et la Ligue contre le cancer, Yuka participe à une campagne demandant le retrait dans les charcuteries des nitrites de potassium E249, de sodium E250, et des nitrates de sodium E251 et de potassium E252, soupçonnés d'être cancérigènes. La pétition a recueilli 350.000 signatures, indique Yuka.
"Comment peut-on accuser des gens qui respectent la loi ?"
En janvier, la FICT avait saisi la justice, considérant que les allégations relatives à ces additifs nitrités via Yuka portaient "injustement atteinte à l'image et à la réputation de la profession ainsi qu'aux produits de charcuterie-salaison". "Nous sommes satisfaits de cette décision de justice", a déclaré à l'AFP Bernard Vallat, président de la FICT qui regroupe 310 entreprises. "Comment peut-on accuser des gens qui respectent la loi et les règlements d'être des empoisonneurs?", dit-il, en rappelant que nitrites et nitrates permettent d'"éviter les proliférations microbiennes".
Pour sa part, Julie Chapon, co-fondatrice de Yuka, a fait valoir à l'AFP que la FICT avait été "déboutée de plusieurs demandes et notamment de la plus importante visant à modifier le système de notation de l'application et en particulier la notation des nitrites".