Un robot a t-il du pif ? Eh bien oui, et ce n’est pas l’industrie du parfum qui dira le contraire. IBM développe pour l’un des grands noms de la composition de parfums un logiciel, surdoué, capable de passer en revue des millions de formules chimiques, des milliers de matières premières entrant dans la composition d’une fragrance, et aussi des données précieuses : les préférences olfactives de milliers de consommateurs. Tout ça est passé dans un "shaker" informatique surpuissant capable de créer des accords uniques, sentis nulle part ailleurs et donc de proposer des pistes olfactives inexplorées. Résultat : deux "jus", comme on dit dans le métier, ont été commercialisés au Brésil, destinés aux millenials, filles et garçons...Dans le monde secret du parfum, une révolution est bel et bien en marche.
Du temps gagné dans la création
Le fameux "nez", cher aux grandes maisons de parfums, va-t-il alors se retrouver au chômage technique ? Pas encore. C’est quand même un nez "maison" qui a validé in fine les deux parfums parmi les trois propositions du robot. La marque insiste pour dire qu’un parfum aura toujours besoin du talent humain. Certaines fragrances sont prédictibles par l’informatique mais la plupart se construisent avec des émotions, des intuitions... Grâce à l’intelligence artificielle, ce sera surtout du temps gagné dans la création ! En quatre mois seulement, le robot a pondu 200 formulations à partir des données mises à sa disposition. Pour les parfumeurs, il est plutôt considéré comme un super assistant, un outil génial au service du pro, le "nez".
De là à voir bientôt un robot confectionner du parfum de A à Z, il n'y a qu'un pas. Mais pour l’instant ces algorithmes sont encore expérimentaux. La parfumerie repose sur un savoir faire de cinq siècles, des traditions séculaires... La France en sait quelque chose puisqu'elle incarne la parfumerie de luxe avec Grasse, le berceau des parfums.
Bien sûr, l’arrivée des nouvelles technologies bouscule ce petit monde artisanal et leur impact pose des questions : attention à la standardisation sous la pression marketing ! Mais le plus probable, ce serait que les robots, demain, aident à booster les créations, permettent d’innover en customisant les fragrances non pas pour une élite mais pour le plus grand nombre. Demain, à chacun son parfum.