Les eurodéputés ont approuvé mardi la réforme européenne du droit d'auteur, un texte très attendu par les médias et les artistes mais combattu par les plateformes américaines et les partisans de la liberté du net. Sur les 658 eurodéputés présents en plénière à Strasbourg, 348 ont dit oui à la réforme, 274 s'y sont opposés et 36 se sont abstenus.
"Je sais qu'il y a beaucoup de craintes sur ce que peuvent faire ou pas les utilisateurs - maintenant, nous avons des garanties claires sur la liberté d'expression (…) et la créativité en ligne", s'est félicité le vice-président de la Commission européenne, Andrus Ansip, sur Twitter. Présentée par ce dernier en septembre 2016, cette réforme aux enjeux financiers conséquents a fait l'objet d'un lobbying sans précédent de la part de ses partisans comme de ses opposants, mobilisés jusqu'au dernier jour.
Deux camps s'opposaient
Le texte entend adapter à l'ère du numérique la législation européenne du droit d'auteur, datant de 2001, une époque où YouTube, détenu par Google, n'existait pas. Son "objectif est de permettre à la presse et aux artistes de percevoir une partie des revenus générés par la diffusion de leurs productions et œuvres sur Internet", expliquaient plus de 170 personnalités, dont le DJ David Guetta et l'actrice-chanteuse Louane, dans une tribune dimanche dans Le JDD. Les partisans de la réforme insistaient pour que les "géants américains devenus des ogres", tels Google et Facebook, qui profitent des retombées publicitaires générées par les œuvres qu'ils hébergent, rétribuent plus justement les musiciens, cinéastes, photographes, éditeurs, journalistes.
Dans l'autre camp, les géants de la Silicon Valley, mais aussi les partisans d'un Internet libre, qui craignent de voir restreint ce canal de diffusion.
Samedi, des manifestations ont eu lieu un peu partout dans l'UE, à l'appel de "Save the Internet", un collectif que Google affirme "ne pas financer" et qui est mobilisé depuis des mois pour la défense de "l'échange libre d'opinions sur Internet".