Google coupe les ponts avec le fabricant de téléphones chinois Huawei. La décision, tombée dans la nuit de lundi à mardi, s'inscrit dans un contexte de tensions géopolitiques : l'administration Trump avait publié la semaine dernière un décret interdisant aux groupes américains de télécom de commercer avec des sociétés étrangères jugées "à risque" pour la sécurité nationale. Surtout, elle pourrait avoir des implications très concrètes... Jusque dans les mains des quelque quatre millions de détenteurs français de smartphones Huawei. Europe 1 fait le point sur les potentielles conséquences de cette rupture.
Des risques pour la sécurité ?
Quel lien entre les géants américains et chinois ? Le système d'exploitation Android, propriété de Google, et qui équipe l'immense majorité des smartphones dans le monde, dont ceux de Huawei. "Les services comme Google Play Protect (le système de sécurité de Google pour Android, ndlr) (..) continueront de fonctionner sur nos appareils existants", a rassuré Android sur Twitter, lundi, répondant à une première crainte : celle de la sécurité.
For Huawei users' questions regarding our steps to comply w/ the recent US government actions: We assure you while we are complying with all US gov't requirements, services like Google Play & security from Google Play Protect will keep functioning on your existing Huawei device.
— Android (@Android) 20 mai 2019
Google met en effet régulièrement à jour ses différentes versions d'Android, pour éviter les piratages. Si ces actualisations devaient ne plus êtres disponibles sur les téléphones Huawei, ceux-ci pourraient donc présenter des failles non réparées. À noter que la communication du système d'exploitation n'évoque pour l'instant que les téléphones "existants", entretenant un flou sur ceux qui seront commercialisés dans les prochains jours, semaines et mois.
Des applications en moins ?
L'autre conséquence, plus lointaine, concerne les applications. Car à mesure que Google met à jour Android, les centaines de millions d'applications proposées sur son App Store le sont également, les développeurs souhaitant les voir rester compatibles. Or ces mises à jour des applications entraînent une forme d'obsolescence des appareils qui ne disposeraient pas des dernières mises à jour d'Android, avec à terme des applications tout simplement incapables de fonctionner.
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Sont concernées toutes les applications et services propriétés de Google : Gmail, Google Maps, mais aussi la plateforme de vidéos en ligne YouTube, rachetée par le géant du web en 2016. Ces dernières devraient rester actives au moins dans un premier temps, selon une source citée par l'AFP. Et ensuite ? Tant que le décret sera en place, Huawei sera obligé de procéder aux mises à jour depuis Android Open Source Project - la version libre de droits de l'interface, dénuée de toute application, et notamment utilisée en Chine.
Un nouveau système d'exploitation à venir ?
Peut-on alors imaginer la mise en place d'un système alternatif à Android ? Cela semble compliqué sur les appareils existants et sur ceux qui seront prochainement produits : le seul autre système suffisamment répandu aujourd'hui est l'iOS d'Apple, disponible exclusivement sur les iPhones. À plus long terme, l'exemple de Microsoft, qui avait tenté de percer sur le marché avec une version mobile de son célèbre Windows en 2010, avant de renoncer sept ans plus tard, pourrait dissuader le fabricant chinois de proposer son propre système d'exploitation.
Mais le contexte est différent : aujourd'hui numéro deux mondial, Huawei est difficilement contournable pour les développeurs d'applications, qui seraient forcés de proposer une version "Huawei" de leurs produits afin d'éviter de se couper d'une part significative du marché. Sans aller aussi loin, le géant chinois peut envisager de développer un "fork" d'Android, une version qui lui serait propre, en se basant sur Android Open Source Project. L'option comporterait l'avantage de garder un produit compatible avec les applications développées pour Android.