Envoyer une photo de sa piscine pour faire rager ses amis, raconter ses visites à sa grand-mère pendant une heure au téléphone, poster des "stories" sur les réseaux sociaux… C’est aujourd’hui la routine des vacanciers connectés. Mais encore faut-il avoir du réseau pour faire tout ça ! La 4G est parfois aussi convoitée que la fraîcheur en période estivale, notamment dans les sites touristiques pas toujours bien couverts. Et en été, avec les afflux massifs de touristes dans certaines régions, les réseaux tirent un peu la langue. Un phénomène récurrent auquel les opérateurs s’attellent tant bien que mal.
Été ne rime pas avec déconnecté
Tous les opérateurs s’accordent sur un point : malgré le Covid-19, l’été 2020 est dans la fourchette attendue en termes de sollicitation des réseaux internet et mobile. Ni plus ni moins tendu que l’an dernier, preuve que les touristes français pallient bien l’absence des étrangers. Mais attendu ne veut pas dire simple et les opérateurs en conviennent tous : l'été est une période compliquée. Dans certaines communes, la population est multipliée par trois, cinq voire dix en quelques jours. Et entre les "instagrameurs" fous, ceux qui ne peuvent pas se passer du GPS en randonnée et ceux qui ne lâchent pas Netflix même au camping, la surcharge est vite arrivée.
On ne parle pas de pannes ou de blackout bien sûr, mais plutôt de petits ralentissements ici ou là… Les opérateurs minimisent mais il faut bien le dire : ça devient vite énervant quand on n’arrive même pas à appeler quelqu’un, même en 4G ou en wifi. C’est agaçant mais c’est inévitable, reconnaît Nicolas Drouillet, directeur réseaux Grand Sud Est chez Orange : "Nos réseaux sont conçus et dimensionnés pour absorber des flux extrêmement importants. Après, il y a forcément une limite capacitaire sur un réseau. Ponctuellement et temporairement, cette limite peut être franchie", admet-il.
Résultat, même si Orange est aujourd'hui en mesure d'affirmer qu'il couvre 99% de la population en 4G et 97% des communes de moins de 10.000 habitants, cela ne signifie pas que la performance du réseau est toujours à la hauteur des attentes des clients. Ce fut le cas au début du confinement : le télétravail imposé d'un coup à des millions de Français, couplé à l'explosion de la demande pour les services de streaming type Netflix, a entraîné des ralentissements sur les réseaux Internet, fixe et mobile pendant quelques jours, le temps que les opérateurs s'adaptent.
Analyser les données et prier pour la météo
Pour limiter les accrocs et absorber des afflux soudains de téléphones et d’ordinateurs dans des zones bien précises, les opérateurs se servent des données téléphoniques. Quand nous nous déplaçons, nous "bornons" à chaque fois que nous nous connectons à une antenne relais. Cela génère des masses de données anonymisées que Bouygues, SFR et les autres analysent pour déterminer la fréquentation et la tension du réseau sur les sites touristiques tous les étés. Ils en tirent ensuite des prévisions et, si nécessaire, ils augmentent la capacité du réseau pour l’été suivant. "Nous savons que le volume de données échangés augmente de 40% chaque année avec l’évolution des usages, donc nous augmentons tous les ans la capacité du réseau en conséquence", assure Nicolas Drouillet, d'Orange.
Mais toutes ces prévisions n’empêchent pas les pépins, notamment dus aux caprices de la météo. "La canicule peut avoir un impact sur les équipements électroniques situés dans les armoires techniques. Ils sont ventilés et conçus pour résister aux hautes températures. Mais ils peuvent surchauffer et ça arrive qu’on ait des pannes", explique Fabrice Levillain, directeur régional du réseau Grand Ouest chez Bouygues Télécom. Les îles, notamment, sont très exposées aux caprices du ciel. "Les antennes hertziennes qui relient les sites de l’île et du continent sont alignées l’une en face de l’autre. En cas de vent, elles peuvent se 'dépointer', se décaler", précise Fabrice Levillain. Dans ce cas, la transmission ralentit et c’est l’embouteillage pour poster ses photos de vacances.
La 4G escalade les montagnes
Pour acheminer tant bien que mal le réseau vers les vacanciers, les opérateurs effectuent un travail tout au long de l'année. "Il y a tout un travail pérenne : on convertit nos antennes 3G en 4G, on les met à niveau régulièrement avec les dernières technologies 4G et on implante des nouveaux sites", liste Nicolas Drouillet, d'Orange. Cela permet aux opérateurs de couvrir petit à petit même les lieux touristiques les plus enclavés. Ainsi, Orange a récemment couvert la Vallée Blanche, au-dessus de Chamonix. On est donc à plus de 3.000 mètres d’altitude, mais les 800.000 touristes qui empruntent chaque année le téléphérique pour l’Aiguille du Midi sont désormais connectés en 4G jusqu’au sommet.
Et puis, il y a les solutions d’appoint comme les antennes mobiles. "Ce sont des antennes installées dans un camion. Tout est dedans, il n’y a qu’à le brancher sur le courant électrique pour proposer un site complémentaire", explique Fabrice Levillain, de Bouygues Telecom. D’ordinaire, ces camions sont utilisés pour les festivals. Mais ils peuvent aussi dépanner les stations balnéaires surchargées. "Les antennes mobiles s’installent relativement vite mais le facteur qui limite leur utilisation c'est qu'il faut les relier ensuite au cœur du réseau qui ne doit donc pas être trop loin", nuance toutefois Nicolas Drouillet.