Voilà plusieurs mois maintenant que les Bluecar (grises) d’Autolib ont quitté les rues de Paris. Depuis, les offres d’autopartage alternatives ont peu à peu pris la place vacante laissée par le système mis en place par Vincent Bolloré. Après Renault, en collaboration avec Ada, qui ont déployé avec Moov’in 100 Renault ZOE et 20 Renault Twizy, après PSA qui a mis en service avec Free2Move, une flotte de 550 voitures électriques Peugeot i0n et Citroën C-Zéro, place désormais à Daimler, via sa société Car2go.
Le nouveau venu n’est pas n’importe qui, puisqu’il est tout simplement leader mondial de l’autopartage flexible. Depuis mardi, quelque 400 Smart fortwo électriques -800 d’ici la fin de l’année - sont à disposition des Parisiens. L’occasion pour Europe 1 de tester, dans les rues de la capitale - mais aussi devant les écrans - ce tout nouveau service. Et les résultats sont plutôt prometteurs.
L'accès aux informations, le site internet et l'application : 6/10
Le site internet. Plutôt que de se lancer à l’aveuglette, il convient d’étudier avec soin le site internet de Car2go, pour comprendre comment fonctionne ce nouveau service. La première impression donne un peu le tournis. Le site est riche, très riche, peut-être trop riche d’informations. Inutile de tout lire, il faut aller à l’essentiel.
Des tarifs compétitifs. Et l’essentiel, ce sont d’abord les tarifs, bien sûr. Car2go annonce un prix à la minute situé entre 24 et 34 centimes d’euros, sans abonnement. Pourquoi une telle fluctuation ? Parce que le prix final dépend en fait de l’offre et de la demande. En fonction des horaires, des disponibilités, du lieu de la location, le tarif sera modulé. Car2go est en tout cas très compétitif par rapport à ses concurrents.
Moov'in est ainsi accessible lui aussi sans abonnement, au tarif de 0,39 euro la minute, avec un minimum facturé de 10 minutes. Free2Move propose ses services au même tarif pour un usager occasionnel, mais sans durée minimale de location. Une formule à 0,32 euro la minute avec abonnement à 9,90 euros par mois est aussi proposée pour les utilisateurs réguliers. Soit peu ou prou les tarifs de feu Autolib’ (10 euros par mois d’abonnement et 32 centimes la minute).
Une zone desservie réservée aux seuls Parisiens. Voilà pour les prix. Reste à savoir où on peut utiliser Car2go. Et là, amis banlieusards, passez votre chemin ! Le site annonce une "zone desservie" dans Paris intra-muros uniquement. En fait, un coup d’œil plus attentif sur une carte mise en ligne permet de se rendre compte que cette fameuse "zone desservie" est circonscrite aux boulevards des Maréchaux, qui font le tour de Paris. On peut évidemment rouler en dehors de Paris, et même observer une pause, mais pour stationner, il faut à nouveau franchir les Maréchaux.
Tant pis pour ceux qui habitent dans la zone tampon entre les Maréchaux et le boulevard périphérique. Tant pis aussi pour ceux qui habitent encore plus loin, par exemple à Ivry-sur-Seine (au hasard), pourtant située en petite couronne. Pour l’heure, nulle intention annoncée d’étendre le service aux communes limitrophes de la capitale. Dommage, même si c'est aussi le cas de Moov'in et de Free2Move, les deux concurrents de Car2go.
Une application dans les standards modernes. Le site, c’est bien beau, mais Car2go fonctionne d’abord et avant tout grâce à une application. Après une inscription un brin fastidieuse - mais pas plus et pas moins que sur une autre application de déplacement type Uber ou Chauffeurprive - vous voici sur la Home de l’appli, en anglais. Petit désagrément passager, un rapide clic sur un onglet "FR" permet de corriger …
Le passage le plus pénible concerne en fait la numérisation du permis de conduire. Pour réussir ce quasi-tour de force, il faut que la petite carte plastifiée soit bien éclairée, et rentre dans un cadre prévu à cet effet. Utilisateurs impatients s’abstenir, et propriétaire d’un smartphone sans appareil photo ultra moderne, bonne chance. Après cinq bonnes minutes, mission accomplie. Juste à temps. Quelques minutes de plus, et l’agacement se serait mué en colère froide. Le pire est évité.
Dans la foulée de cette inscription réussie avec brio, l’utilisateur reçoit… sa première facture. Valeur : zéro euro. Ouf ! Désormais, place à la conduite !
La prise en main et la conduite : 8/10
Place à la conduite ? Pas tout à fait. Il faut d’abord trouver une voiture disponible. Premier jour oblige, cela se fait sans difficulté. Les Smart électriques peuvent être réservées 15 minutes à l’avance, pas plus (ou option payante, 1,90 euro tout de même). Pas le temps de lambiner en quittant son poste de travail et sur les 400 mètres menant, en l'occurrence, à l’emplacement.
Attention au (dé)branchement. Une fois arrivé devant l’objet du désir, il faut le signaler via l’application saisir, un code PIN déterminé pendant l’inscription, puis saisir un code qui s’affiche sur un petit écran opportunément posé sur le pare-brise. Miracle de la technologie, le véhicule se déverrouille alors automatiquement.
Et c’est parti ? Pas tout à fait là encore, car il se peut que la voiture électrique soit branchée à une borne de recharge. Pas facile de trouver le process : il faut aller chercher la clé de contact dans la boîte à gants, déverrouiller les portières grâce à elle, débrancher les deux prises (sur la voiture et sur la borne) et enrouler le fil pour le mettre dans le coffre. Bilan : quelques minutes perdues, un coup de fil au service client (très réactif) et un peu d’agacement, encore. Mais en cherchant bien, l’explication était sur l’application. Mea culpa, donc.
Un coup de vieux pour les Bluecar. Vient le temps de découvrir l’engin. Et force est de reconnaître que les Smart fortwo mettent un sacré coup de vieux aux antiques Bluecar. Ecran tactile ultra-moderne (avec radio, GPS, bluetooth pour le téléphone), design un brin futuriste, siège et habitacle d’un beau noir. Ça en jette, forcément. Sans compter une propreté impeccable, mais ça, seul le temps dira si les Smart électriques pâtiront autant que les Bluecar de l’attitude parfois bien peu civique des utilisateurs. Et puis, on est dans une Smart, ne l’oublions pas. Inutile d’imaginer emmener sa petite famille en vadrouille dans Paris, il n’y a que deux places. Et même si le volume du coffre est satisfaisant, il n’est pas conseillé d’y installer ses enfants.
Une Smart fortwo parfaitement adaptée à la ville. Une fois au volant, la bonne impression est confirmée. Pour les non-initiés, l’absence de pédale d’embrayage, véhicule électrique oblige, est toujours un peu déstabilisante, mais on s’y fait vite. La conduite est souple, agréable, et la reprise est une bonne surprise. Les 50 kilomètres heure sont atteints rapidement. Un passage sur les Champs-Elysées, puis autour de l’Arc de triomphe sur le rond-point de l’Etoile, juge de paix des conducteurs parisiens, permet de confirmer que la Smart fortwo est parfaitement adaptée à la ville. Et même sur le périphérique, elle se défend très bien.
Petites réserves. Que des points positifs donc ? pas tout à fait. Nulle part il n’est fait mention du temps passé depuis le début de la location. Par ailleurs, rien ne signale que l’on entre en terrain hostile, en dehors donc de la "zone desservie" où il n’est point de salut - du moins où il est impossible de se garer. Dommage…
Le stationnement et le prix final : 8/10
La liberté de stationner. La promenade est finie, il faut rentrer. Et là, nouvel avantage de Car2go par rapport à Autolib’ : les véhicules peuvent être stationnées sur n’importe quelle place (où c’est autorisé, évidemment). Inutile donc de chercher une station dédiée. Les Smart peuvent toutefois aussi être branchées à des bornes Autolib’ toujours actives, cela peut même être une bonne affaire, car si la batterie est à moins de 60%, "vous recevrez 3 euros de crédit car2go pour votre bonne action", proclame le site. Une bonne action pour Car2go surtout, car ce sont des employés dédiés qui auront la charge de déplacer les véhicules non branchés pour les recharger. Ici, le compteur affichait plus de 90% de batterie, la BA attendra, donc.
Pour rendre la voiture, il faut donc se garer, remettre la clé de contact dans la boîte à gants, puis mettre fin à la location sur l’application. Plutôt simple, d’autant que la moindre porte mal fermée est immédiatement signalée sur le smartphone du fautif.
Un prix raisonnable. Et c’est seulement à ce moment-là que le prix est connu. Pour ce test, 11,28 euros pour 47 minutes de location. Soit 24 centimes la minute, le minimum donc, pour un prix au final très raisonnable, sans être donné. Mais la course a été réalisée à la mi-journée, au premier jour du service, et dans une zone bien desservie. Difficile, vous l'aurez compris, de se faire une opinion définitive.