"Les data centers sont les usines du 21e siècle." Dans son récent livre Réparer le futur, publié aux éditions de l'Observatoire, Inès Leonarduzzi dresse un inquiétant état des lieux de l'impact écologique du numérique. Fondatrice de l'ONG "Digital for the planet", elle ambitionne, dit-elle, de rendre les nouvelles technologies "plus responsables". "Il s'agit de l'une des industries les plus polluantes aujourd'hui. A l'heure où tout passe par internet, il faut l'avoir en tête", alerte-elle au micro d'Europe 1. Voici trois chiffres pour mieux comprendre la pollution du numérique.
4% des émissions de gaz à effet de serre
Le secteur du numérique est "responsable de 4% des émissions de gaz à effet de serre", affirme Inès Leonarduzzi. C'est une fois et demi plus que l'aviation civile. Les data centers, ces immenses centres de stockages de données, pourraient devenir dans les prochaines années plus énergivores que l'humanité toute entière. "Chaque information que l'on recherche sur internet fait appel à un serveur et donc aux data centers. Cela demande énormément d'énergie, en général fossile."
Les data centers californiens consomment l'eau de 158.000 piscines par an
Des centaines de milliers de litres d'eau abreuvent chaque années les data centers. Rien qu'en Californie, on y déverse l'équivalent de 158.000 piscines olympiques. L'eau est notamment nécessaire pour climatiser ces grandes machines et éviter leur surchauffe. "C'est d'autant plus déplorable que la prochaine grande crise que la planète va affronter sera celle de l'eau. Des millions de personnes peinent déjà à y accéder, des enfants meurent encore de diarrhées faute de points d'eau salubres autour d'eux."
1 photo postée = 3 ampoules allumées pendant une heure
Le geste est si simple que l'on peine à envisager son impact réel. Selon Inès Leonarduzzi, chaque photo postée sur les réseaux sociaux consomme autant que trois à quatre ampoules de 20 watts allumées pendant une heure. Un chiffre à peine croyable, qu'elle tient toutefois à remettre en contexte. "Il faut rappeler que la plus grande pollution numérique reste la fabrication des appareils. Une personne qui poste un selfie par jour pollue moins qu'une personne qui change d'appareil tous les ans."
Les matériaux utilisés dans la fabrication des smartphones sont importés des quatre coins de la planète. Et les mines d'extraction causent des dommages de plus en plus importants. "En République démocratique du Congo, beaucoup d'enfants creusent les mines de coltan car il est plus facile pour eux de se glisser dans les puits de 60 cm. En Bolivie, des familles sont réduites à vivre 15 jours dans des mines à ciel ouvert pour extraire du lithium."