YouTube a 20 ans : passion, professionnalisation, avenir... Trois vidéastes racontent leur parcours sur la plateforme

Ce vendredi 14 février, YouTube fête ses 20 ans. D'un site internet avec une séquence filmée dans un zoo à des vidéos dignes de grandes sociétés de production, YouTube est devenue une plateforme de création pour des millions de personnes. Trois youtubeurs racontent pour Europe 1 leurs débuts, et les difficultés qu'ils ont rencontrées.
Youtubeur, quel métier ! La plateforme est présente dans le quotidien de millions d'utilisateurs en France, et cela, depuis maintenant 20 ans. YouTube a grandi en même temps que ses créateurs, passant de vidéos amateurs à de superproductions. À l'occasion de cet anniversaire, trois Youtubeurs reviennent sur leurs parcours sur une plateforme qui a changé leur vie.
YouTube, un lieu pour partager ses passions
Pour la plupart des créateurs présents sur YouTube, l'histoire a commencé par une passion. Florian, créateur de la chaîne Mamytwink qui compte 2,35 millions d'abonnés, est présent sur la plateforme depuis plus de 15 ans : "J'ai créé la chaîne en 2009, on est vraiment des dinosaures sur YouTube. Je l'ai créé au début de mes études supérieures pour partager ma passion du gaming [jeux vidéos, NDLR], pas du tout pour en faire un métier", confie-t-il.
Pour Germain, alias Dr Nozman, YouTube était juste un moyen de partager des montages fait entre amis : "On faisait des vidéos avec des amis en Bretagne avec les vieux caméscopes des parents. On faisait des montages, mais il n'y avait pas d'endroit pour les stocker et les montrer aux potes. Quand YouTube a émergé, je me suis dit que c'était un super moyen de partager ce qu'on fait", se souvient le youtubeur aux 4,83 millions d'abonnés. Il est ensuite passé à la vulgarisation scientifique, inspiré par des émissions comme C'est pas sorcier ou des magazines comme Science et Vie.
YouTube était pour Thibault, créateur de la chaîne La Folle Histoire aux 926.000 abonnés, un moyen de réunir ses deux passions : "En 2016, je crée la chaîne parce que l'histoire a toujours été une passion depuis gamin. Et créer des vidéos, j'ai toujours fait ça, même si ce n'était pas publié sur Internet. Donc j'ai plus ou moins allié mes deux passions", explique-t-il.
Une idée de format qui peut tout changer
Si la passion a mené ses jeunes sur YouTube, le temps et l'intérêt pour la plateforme vont faire grandir leur chaîne respective. Un succès qui tient parfois d'une vidéo qui marche bien ou d'un concept qui fait exploser le compteur d'abonnés : "'Les expériences pas chères' est un petit format qui m'a permis d'atteindre les 100.000 abonnés, ça donnait envie de continuer. C'est vraiment en 2017, avec une vidéo sur le Hand spinner, que ça a vraiment explosé", confie Nozman.
Mamytwink a, lui, lancé un format qui perdure depuis plusieurs années sur sa chaîne : "On a commencé à faire des vidéos, d'abord d'explorations nocturnes, de lieux historiques abandonnées, et on a commencé à faire des documentaires historiques à base d'images d'archives, notamment la série 'Histoires de guerre' qui est devenue depuis cinq ans le fil conducteur principal de la chaîne".
Pour certains, c'est le contexte du moment qui a permis de faire croître leur audience, comme ce fut le cas pour Thibault : "Fin 2019, j'ai 100.000 abonnés, je lance un format qui me fait connaître, celle des minis biographies de personnages historiques. Et on a le covid qui arrive et le confinement, ça a aidé la chaîne à croître encore plus. Par conséquent, je suis resté très peu de temps à la fac vu que j'étais passé à temps plein sur la chaîne".
Une professionnalisation apparaît avec le temps
Les trois youtubeurs connaissent un succès grandissant et vont, après plusieurs années d'engagement, se dédier à plein temps à leur chaîne. À tel point qu'ils vont commencer à pouvoir vivre de leurs productions : "Ça fait 10 ans qu'on vit de YouTube, 10 ans qu'on a créé notre société de production. On est une équipe de 10 personnes, dont 5 à temps pleins", confie Mamytwink.
Comme lui, progressivement, Nozman et La Folle Histoire vont passer d'une production amateur, individuelle, à quelque chose de collectif et professionnel. Pour cela, ils vont engager des co-auteurs, des monteurs et s'entourent de personnes pour vérifier les informations qu'ils diffusent : "Aujourd'hui, on écrit les textes à plusieurs sur la chaîne et ils sont toujours validés par des scientifiques", affirme Germain.
De son côté, Thibault a commencé à travailler avec un co-auteur après être passé par une phase plus difficile : "Je travaillais beaucoup tout seul, et forcément, au bout d'un moment, j'ai un peu saturé. C'est à ce moment-là que j'ai commencé à travailler avec un co-auteur, Guilhem. On travaille toujours ensemble depuis". Son travail se base ensuite sur des travaux universitaires et des recherches approfondies.
Tout ce travail fait que la quantité de vidéo produite passe après la qualité. Au début, ils pouvaient publier une vidéo par semaine, un rythme difficile à tenir avec le temps. Aujourd'hui, plusieurs mois sont parfois nécessaires. "On met six mois à fabriquer une vidéo" chez Mamytwink, un mois chez La Folle Histoire.
Vivre de sa passion
L'investissement finit par payer. Les compteurs d'abonnés augmentent, les vues s'envolent et les trois vidéastes peuvent désormais vivre des revenus générés par leurs productions. "On peut gagner de l'argent très vite", révèle Nozman, "même si ce sont des toutes petites sommes au début. Mais si tu marches et que tu comprends comment ça fonctionne, ce revenu peut évoluer et grandir petit à petit". Selon lui, c'est "en 2015" qu'il a pu commencer à vivre de ses vidéos.
Même chose du côté de La Folle Histoire. La monétisation des vidéos a commencé à lui rapporter quelques centaines d'euros par mois, puis jusqu'à quelques milliers : "C'est à ce moment-là que j'ai dû créer une auto-entreprise, la voie classique à l'époque". Mais il explique aussi qu'il y a d'autres moyens de recevoir de l'argent : "Je suis dans une agence, Loopin, qui me rémunère avec des sponsors, mais aussi les droits d'auteurs".
Comment voient-ils l'avenir ?
De plus, ils apprécient la plateforme pour la liberté dont ils bénéficient pour pouvoir traiter les sujets qu'ils souhaitent : "On s'est toujours très bien senti sur YouTube. Une plateforme qui permet de s'exprimer vraiment. On se sent libre de créer comme on veut", affirme Florian. Un avis partagé par Thibault : "C'est une des rares plateformes qui nous permet de faire un peu tout".
Quand se pose la question de leur avenir, tous espèrent pouvoir continuer le plus longtemps possible sur la plateforme, même s'il peut être difficile de voir sur le long terme : "C'est un peu l'une des difficultés de notre métier, de prévoir l'avenir. Sur YouTube, il y a des gens qui en vivent très bien depuis maintenant plus de 10 ans. Je ne me fais pas trop de soucis sur l'avenir", déclare Thibault.
"Je ne sais pas comment ça va évoluer, mais j'ai l'impression que c'est quelque chose qui est là pour durer encore quelques années, et je l'espère vraiment. J'espère quand même que créer des choses sur internet existera toujours", conclut Nozman.