La déchéance de nationalité enterrée par le président de la République marque la fin d'un feuilleton de quatre mois. Face à cet échec, le doute et le découragement gagnent l'Elysée.
Échec. "On est mort de chez mort", confie-t-on dans les couloirs de l'Elysée. "C’est l’échec du président", entend-on encore. Ce qui est inédit, ce n’est pas l’abattement qui gagne le premier cercle mais c’est le fait qu’il soit exprimé, détaillé, démontré. L'abandon de la déchéance est vécu à l’Elysée comme le coup de grâce d’un chemin de croix de quatre mois. Révision constitutionnelle enterrée, remaniement mal orchestré, loi El Khomri mal maîtrisée. Trois échecs, et un seul responsable : François Hollande.
Fin de règne. Le président est protégé par les institutions, mais peut-il encore tenir, continuer à gouverner et réformer ? Il semble que pour la réforme, ce soit terminé. Il ne lui reste qu'à tenir, dernière qualité qu’il peut essayer de démontrer aux yeux des Français, dans l'attente de résultats économiques qui éclaireraient positivement son bilan.
Déroute de la gauche. Paradoxalement, la candidature de François Hollande en 2017 n’a jamais été aussi probable, pour ne pas dire certaine. Pourquoi ? Parce que ses concurrents, Martine Aubry, Benoît Hamon, Arnaud Montebourg, les frondeurs tous ont une certitude : la gauche sera défaite en 2017. Selon un sondage du Cevipof paru jeudi dans Le Monde, l'ensemble de la gauche ne pourrait cumuler au premier tour que 33% des voix au maximum. Un score désastreux. Certes, un sondage est la photographie d'un instant T, mais là c’est la photo d’une déroute annoncée.
Résurrection. Cette déroute, personne n’a vraiment envie de l’affronter parmi ses concurrents, car tous se disent que c’est à François Hollande de payer l’addition. Qu’il y aille ! Viendra ensuite le temps de la reconstruction et des ambitions. Mais tous ces croque-morts pressés de l’enterrer oublient une chose : c’est Pâques en ce moment, le temps de la résurrection. François Hollande a ressuscité au moins dix fois depuis ses débuts en politique : monsieur 3%, président en scooter en une d’un tabloïd, président insulté par Leonarda, etc. En politique on n'est jamais mort, et surtout pas François Hollande.