Les supporters anglais accusaient le coup mercredi soir, après la défaite de leur équipe en demi-finale face à la Croatie, anéantissant leurs espoirs de disputer une première finale de Coupe du monde depuis 1966.
"Je suis fière d'eux, à 100%". À Hyde Park, à Londres, les 30.000 personnes qui s'étaient réunies pour suivre le match sur plusieurs écrans géants étaient abattues au coup de sifflet final. "Je suis vraiment, vraiment triste", concédait Laura Russian, 31 ans, en larmes, serrant contre elle une bouteille de cidre, vide. "Mais je suis fière d'eux, à 100%." La tête basse, les milliers de supporters ont rapidement quitté les lieux. Seuls quelques dizaines d'entre eux sont restés pour applaudir le beau parcours de leur équipe.
Le spectacle était le même à Brighton, où s'est rendue la correspondante d'Europe 1. Sur le chemin du retour, Mark et ses amis, qui avaient prévu de faire la fête, refont le match. Leur équipe, qui avait commencé très fort, les a "abandonnés" en deuxième partie de jeu. "Je suis à moitié fier d'eux, et à moitié dévasté. Nous étions si près, cela aurait pu être nous", se plaint Mark à notre micro.
L'espoir, puis l'abattement. Sous le ciel bleu d'une longue soirée d'été, tout avait effectivement bien commencé. À peine cinq minutes de match et les supporters, extatiques, célébraient le but sur coup franc de Kieran Trippier, qui propulsait virtuellement l'Angleterre en finale, un scénario encore inimaginable il y a seulement quelques semaines. "C'est la première fois de ma vie que l'Angleterre est aussi proche (d'une finale, ndlr)", se réjouissait Murad Huseynov, 23 ans, habillé de la croix de Saint-Georges, le drapeau anglais. "C'est historique !"
Mais aux cris de joies qui ont rythmé la première heure de jeu a succédé un silence craintif quand l'équipe croate a refait son retard. La tristesse se lisait sur les visages quand la Croatie a marqué dans les prolongations pour finalement l'emporter 2-1. "Il y aura beaucoup de frustration lundi", au lendemain de la finale, a prédit Shaun Bailey, un informaticien de 48 ans, qui aurait tant voulu voir une affiche Angleterre-France en finale, dimanche.
Au milieu des fans amers, Kairan, lui, est très fier de l'équipe. "Mon Dieu, je ne m'attendais pas à ce qu'ils aillent si loin. C'est déjà incroyable d'être arrivés jusqu'en demi-finale. Enfin, on devrait être contents ! Rentrez chez vous, resservez-vous un verre de vin et célébrez !", conseille-t-il aux plus tristes de ses compatriotes. Anthony fait partie de ceux-là. Au micro d'Europe 1, il confiait mercredi soir vouloir "rentrer chez lui pour pleurer dans son oreiller".
"On peut gagner en 2020". Mais Anthony se console en regardant l'avenir. "Notre équipe est jeune. On peut remporter la Coupe du monde en 2020", s'avance-t-il. Près de la moitié des joueurs anglais n'étaient pas nés la dernière fois que les "Three Lions" ont atteint une demi-finale en Coupe du monde, en 1990. Et il faut remonter à 1966 pour les voir disputer une finale. L'actuel sélectionneur anglais, Gareth Southgate, avait alors 4 ans.