Mais où est passé Antoine Griezmann ? Pas sur le terrain semble-t-il, où seul le fantôme de la star de l’Atlético a semblé évoluer lors des trois matches de l’équipe de France lors de la phase de groupe de la Coupe du monde. "Quand Griezmann fait du Griezmann modèle 2018 chez nous, ça doit être le demi-frère de celui qui joue à l’Atlético", souriait Guy Roux sur Europe 1 après la parodie de match face au Danemark (0-0). L’affaire pourrait prêter à rire, sauf que pour aller le plus loin possible dans la Coupe du monde, la France a besoin d’un "Grizou" au top. Ce qui, pour plusieurs raisons, est loin d’être le cas.
Cuit physiquement…
Ce qui inquiète le plus concernant Antoine Griezmann, c’est sa forme physique. L’attaquant ne semble pas avoir récupéré d’une très longue saison avec l’Atlético, conclue sur un titre en Ligue Europa le 16 mai dernier. Griezmann a semblé manquer de jus au point qu’il a été à chaque fois remplacé avant la fin du match, à la 70e minute contre l'Australie, à la 80e contre le Pérou et dès la 68e contre le Danemark - même si pour cette troisième rencontre, Didier Deschamps a sans doute voulu le préserver en vue du huitième de finale. "Pour une raison qui reste à déterminer, il n’a pas retrouvé sa forme. Je pense vraiment qu’il est cuit", s’inquiète Guy Roux, interrogé par Europe 1.
L'attaquant de l'Atlético Madrid est "peut-être un peu moins bien physiquement", a de son côté concédé Olivier Giroud après le match face au Pérou. Aura-t-il pu profiter des quatre jours de repos avant l’Argentine pour se refaire la cerise ? Il faut l’espérer pour les Bleus.
…Et mentalement ?
Même s'il est difficile d'évaluer si cela a un impact sur ses performances, Griezmann s'est peut-être compliqué la vie en annonçant tardivement son choix de rester à l'Atlético Madrid, en dépit des convoitises du FC Barcelone. Il a mis en scène sa "Décision" dans un documentaire diffusé sur une chaîne espagnole 48 heures avant ses premiers pas au Mondial, dans un registre très "télé-réalité", qui a surpris et suscité quelques plaisanteries chez les Bleus.
Chose rare, un représentant du club madrilène s'est rendu à Istra, le camp de base des Bleus, pour lui faire signer sa prolongation de contrat jusqu'en 2023 mais aussi celle de son coéquipier Lucas Hernandez jusqu'en 2024, ainsi qu'un pré-contrat à la nouvelle recrue Thomas Lemar. Très investi dans la prochaine saison de l'Atlético, Griezmann a certainement eu son mot à dire pour faire venir Lemar. Bref, il avait de nombreuses choses en tête avant le coup d'envoi de cette Coupe du monde même si lui, tout comme ses coéquipiers en bleu, assurent qu'elles ne l'ont pas perturbé le moins du monde.
En 2016, il avait attendu les huitièmes de finale pour briller
Quelques éléments, toutefois, incitent à l’optimisme. Antoine Griezmann est un homme de grands rendez-vous, et les matches à élimination directe sont à même de le transcender.
Il suffit de se souvenir de l’Euro 2016. A l’époque, "Grizou" était arrivé harassé au rassemblement des Bleus et son laborieux match d'ouverture contre la Roumanie (2-1) avait suscité de grosses inquiétudes. Mais il avait lancé son tournoi dès le match suivant en entrant en jeu face à l'Albanie (2-0), avec une tête libératrice à la 89ème minute. Il s'était montré brillant en huitième de finale face à l'Eire en inscrivant le doublé de la victoire (2-1), tout comme en demi-finale face à l’Allemagne (2-0). Il avait terminé la compétition meilleur buteur et meilleur joueur. "Vous avez oublié l'Euro !", a lancé en rigolant Paul Pogba dimanche en conférence de presse. "Touchez pas à mon Grizou !"
Ses coéquipiers ont confiance en lui
C’est l’autre élément positif. Antoine Griezmann bénéficie encore de la totale confiance du coach et de ses coéquipiers, qui n’hésitent pas à monter au créneau pour le défendre. "Il est bien, il est bien. Il ne faut jamais mettre en doute l'un des meilleurs joueurs du monde. En espérant qu'il fasse taire en huitièmes de finale tous ceux qui parlent de lui", a lâché Lucas Hernandez, son coéquipier à l’Atlético de Madrid, après le Danemark.
Même optimisme pour Steve Mandanda, qui n’a aucun doute sur l’issue du match dans le match qui va opposer l’attaquant français à Lionel Messi. "Griezmann, c'est sûr, c'est logique", a souri le deuxième gardien français. "Je sais qu'à un moment donné, il va nous faire cette différence pour nous permettre de passer".