Les Anglais ont survécu, les Suédois se prennent à y croire. Qualifiés dans la douleur, aux tirs aux buts face à la Colombie, les premiers ont tenu leur rang d'outsider de la compétition. Pas franchement séduisants face à la Suisse (1-0), les seconds endossent eux sans complexe le rôle d'invité surprise du top 8 mondial. Difficile d'anticiper la tournure que prendra l'inattendu quart de finale de la Coupe du monde entre ces deux équipes, samedi à 16 heures, à Samara.
Pas de grands habitués des quarts. En se hissant jusqu'à ce stade de la compétition, les deux formations ont mis fin à des années de disette. Piteusement éliminée en huitièmes de finale du dernier Euro face à l'Islande, l'Angleterre n'avait plus atteint les quarts de finale d'une Coupe du monde depuis 2006. Les Suédois attendaient ce moment depuis encore plus longtemps : leur dernière qualification pour le top 8 remonte à… 1994. Pour espérer briller, les deux équipes devront donc gérer une pression à laquelle ils n'ont pas eu l'occasion de s'habituer ces dernières années.
Un historique des rencontres mitigé. "La Suède est une équipe contre qui on a un mauvais bilan", a commenté l'entraîneur britannique Gareth Southgate dès la fin du huitième de finale de son équipe, mardi. "On les a sous-estimés pendant des années, et je n'ai pas encore envie de rentrer à la maison", a-t-il ajouté. Sur le papier, l'historique des rencontres entre les deux équipes est en fait assez mitigé : en 23 confrontations officielles, l'Angleterre s'est imposée huit fois et la Suède six, pour neuf matches nuls. Le dernier match les opposant, en 2012, a tourné en faveur des Suédois (4-2).
Meilleurs sans Zlatan ? Les bookmakers n'avaient pas vu les hommes de Janne Andersson aller aussi loin. Mais l'Angleterre part-elle pour autant favorite de la compétition ? "Tout le monde doute d'eux, pense qu'ils sont médiocres. Mais les Suédois trouvent des moyens de gagner", a prévenu Vladimir Petkovic, coach malheureux de la Suisse. Comme d'autres, Sven-Goran Eriksson, suédois et ancien entraîneur de l'Angleterre, a expliqué ce succès par… l'absence de Zlatan Ibrahimovic, retiré de la sélection après l'Euro 2016. "S'il y a un suspendu, on en met un autre et on ne voit pas la différence", estime-t-il. "La Suède n'a pas de Kane, ou Sterling, ou Neymar, c'est un collectif. Ils font des choses ensemble et travaillent extrêmement dur."
Kane doit tenir son rang. Côté anglais, les regards seront évidemment tournés vers Harry Kane, meilleur buteur de la compétition avec six réalisations, devant le Belge Lukaku. Après l'élimination du Portugal de Cristiano Ronaldo (quatre buts), l'attaquant a une vraie carte à jouer pour conserver son rang. À condition d'être dans une forme physique suffisante, après d'éprouvantes prolongations face à la Colombie. Ces dernières ont également pu laisser des traces chez Ashley Young et Kyle Walker, pétris de crampes dans les dernières minutes de la rencontre, et surtout Jamie Vardy, contraint de renoncer à la séance de tirs au but en raison d'une blessure à l'aine.
Un boulevard pour le vainqueur ? L'enjeu est d'autant plus lourd que la demi-finale promise au vainqueur sera assurément plus "light" que prévu. Dans une partie de tableau où l'on attendait l'Allemagne - finalement éliminée en phase de poules - et l'Espagne - sortie par la Russie en huitièmes -, la Suède et l'Angleterre se retrouvent finalement aux côté de la Russie et de la Croatie, tandis que la France, le Brésil et la Belgique s'affrontent de l'autre côté. Les deux équipes le savent : une victoire à Samara pourrait être synonyme de grand pas vers la finale du Mondial.