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Le loup perd son statut d'espèce «strictement protégée» : ce que ça va changer

Laura Laplaud avec AFP . 3 min
loup
© Eric Pollet / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP

Réunis à Strasbourg mardi, les États membres de la Convention de Berne, ont voté une proposition déposée en septembre par l'Union européenne, en faveur de l'abaissement du niveau de protection du loup en Europe, qui va passer d'espèce "strictement protégée" à "protégée".

C'est une décision qui pourrait faciliter son abattage. La Convention de Berne, qui assure la protection de la faune principalement en Europe, a approuvé mardi un déclassement du statut de protection du loup, qui va passer d'espèce "strictement protégée" à "protégée".

Quel est l'objectif ? 

La Convention de Berne est composée des 46 États membres du Conseil de l'Europe , exception faite de Saint-Marin, ainsi que de quatre États africains : le Burkina Faso, le Maroc, le Sénégal et la Tunisie. L'Union européenne en fait également partie. Ces États ont approuvé cette proposition déposée en septembre par l'Union européenne , qui cherche à mieux protéger le bétail dans un contexte d'augmentation de la population des loups. 

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Des loups peuvent déjà être tués dans des conditions très précises pour protéger des troupeaux, une disposition mise en œuvre en France via des dérogations. Dans sa proposition, l'UE, qui assure se fonder sur "une analyse approfondie du statut" du carnivore sur son territoire, fait état d'une population grandissante, atteignant les 20.300 individus en 2023, pour la plupart dans les Balkans, les pays nordiques, en Italie et en Espagne. Une expansion qui serait à l'origine de difficultés de "coexistence avec les activités humaines, notamment en raison des dommages causés au bétail, qui ont atteint des niveaux importants", selon Bruxelles. 

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Qu'en pensent les éleveurs ?

Ces derniers mois, de nombreux agriculteurs français ont d'ailleurs dénoncé des attaques sur leurs bêtes ainsi qu'une inaction de l'État concernant l'autorisation de tirs de défense. Le président de la Chambre d'agriculture de Haute-Saône, Thierry Chalmin, a appelé en septembre les exploitants à "sortir armés et à taper un loup si vous en voyez un !" Interrogé mardi, Thierry Chalmin a qualifié la décision de la Convention de Berne de "palabre" qui "prendra encore 15 ans, et pendant ce temps-là les troupeaux continueront à se faire bouffer". "Le problème est loin d'être réglé parce qu'on passe de strictement protégé à protégé. C'est quoi la différence entre super-bandit et bandit ?", a-t-il lancé.

Faut-il y voir le déclin de l'espèce ? 

Une décision qui fait, sans surprise, hurler les défenseurs de la faune qui ont mis en garde contre un risque de fragilisation de l'espèce. "On ne pourra pas se mettre à chasser le loup sans aucun cadre, mais un déclassement permettrait de généraliser la possibilité de tirer et de tuer des loups, selon des règles qui devront être déterminées nationalement", expliquait avant la décision le directeur des programmes de WWF-France, Yann Laurans.

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Selon lui, le déclassement du statut pourrait "fragiliser voire provoquer le déclin de cette espèce en Europe". De plus, déstabiliser "l'organisation sociale très précise" qu'est une meute par des tirs sporadiques risque de créer "des comportements plus désordonnés" de celle-ci envers les troupeaux.

Même sonnette d'alarme du côté du cofondateur de l'Observatoire du loup, Jean-Luc Valérie qui assure que ce déclassement n'aura aucune conséquence positive sur le bétail des éleveurs ". De son côté, Nathan Horrenberger, chargé de mission à l'association Humanité et biodiversité, représentée au Groupe national loup, fustige une décision "politique et purement démagogique". "Ça ne va pas aider à résoudre les difficultés du monde de l'élevage, parce que ça fait des années qu'on tire des loups dans les pays européens, 20% disparaissent chaque année en France, et ça ne porte pas ses fruits", a-t-il dit.

1.003 loups recensés en France en 2023

Le loup avait entièrement disparu de l'Hexagone il y a un siècle. En 2023, on estimait le nombre de loups en France à 1.003 individus, en baisse de 9% par rapport à 2022. La modification de ce statut de protection entrera en vigueur dans trois mois, "sauf si au moins un tiers des parties à la Convention de Berne s'y oppose", a précisé le Conseil de l'Europe.

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