Au pied d’un immeuble délavé par la pluie, un jeune garçon sur le qui-vive balaye la rue du regard. Un regard vif et des traits enfantins percent sous sa capuche. Une scène devenue habituelle pour l’adjoint au maire de Compiègne, chargé de la politique de la ville. "On a des enfants de huit ans, neuf ans. Ils font du transport des petites quantités de shit sur des distances courtes. Après, ils font les choufs, donc ces jeunes-là, qui sont de la chair à canon, avertissent de l’arrivée des forces de l’ordre", explique Oumar Ba.
Des petites mains surveillées au loin par les trafiquants qui n’hésitent pas à faire pression sur les familles du quartier. "Il y a une maman qui m’a dit qu’ils viennent chercher son fils, ils viennent toquer à la porte pour dire : 'Il est où votre enfant ? Il est là ? Il n’a qu’à venir bosser'". Il y a aussi de très jeunes guetteurs qui ne viennent pas du Clos-des-Roses selon un animateur du centre social installé au cœur du quartier. "Ils viennent parfois de Marseille, de banlieue parisienne. Moi, je pense que les trafiquants vont les chercher à la sortie des foyers, parce qu’ils prennent des jeunes sans attaches, sans famille", dit-il.
>> LIRE AUSSI - Opérations «place nette» contre le trafic de drogue: 1.270 interpellations en 4 mois
"Les conditions de vie sont exécrables"
Isolés et livrés à eux-mêmes, ces enfants dorment et mangent comme ils peuvent. "Les conditions de vie sont exécrables", détaille Oumar Ba, l’adjoint au maire de Compiègne. "Il y en a qui dorment dans les voitures abandonnées du quartier. Et puis il y a quelques appartements où l’on peut retrouver, 5, 6, 7 jeunes".
Les habitants de la cité les voient tous les jours en bas de chez eux, mais ils ne disent rien. Par peur des représailles d’abord, mais ils sont aussi occupés à protéger leurs propres enfants qu’ils ne veulent pas voir tomber dans le trafic. L’année dernière à Compiègne, 41% des gardes à vue en lien avec les stupéfiants concernaient des mineurs.